De quoi l’assignation à la « radicalité » est-elle le nom ?

Le cas de l’école MHS Paris

paru dans lundimatin#270, le 11 janvier 2021 Appel à dons Mercredi 9 décembre, alors que le débat sur le « séparatisme » bat son plein, le parquet de Paris et la préfecture de police annonçaient dans un communiqué commun la fermeture administrative d’un lycée hors contrat parisien : la MHS school. Depuis, de nombreux journalistes se sont interrogés quant aux motivations d’une telle fermeture que le personnel enseignant comme les élèves ne parviennent pas à s’expliquer. Zinedine Gaid, enseignant en SES et en philosophie de l’établissement, nous a transmis cet article dans lequel il examine la manière dont la suspicion de radicalisme fonctionne et comment le stigmate du pouvoir s’avère ineffaçable.

L’ère du soupçon

Il est évident pour tout esprit un tant soit peu honnête et clairvoyant, que l’école MHS a fait l’objet d’un ciblage et d’un acharnement de la part de certaines autorités politiques. Dans un rapport du Sénat datant du 26 février 2020, l’un des recteurs explique :

« A Paris, il n’existe qu’une école confessionnelle musulmane, située dans le 19e arrondissement. Nous la suivons de près et la présente audition n’a pas modifié nos procédures de suivi. Le site de cette école commence par une déclaration vertueuse relative aux valeurs de la République et la laïcité. (…) Nous contrôlons les propos tenus par les professeurs, les livres et une partie du matériel pédagogique, mais ces inspections inopinées ne peuvent être exhaustives. La plupart du temps, nous ne constatons donc pas d’entrave à la loi. »

Les déclarations sur le site de cette école seraient donc « vertueuses », c’est-à-dire, soupçonneuses ; car, tout ceci, malgré les différents contrôles serrés, relèverait « de la mise en scène, de la dissimulation », explique-t-il. L’école a beau se déclarer « laïque » et « universaliste » – donc à aucun moment « musulmane » comme le prétend le recteur de façon diffamatoire –, disposer de contenus pédagogiques ainsi que d’un règlement intérieur ne faisant référence à aucune mention religieuse ou idéologique, qu’il n’en resterait pas moins « vrai », que tout ceci – aux yeux de ces seules autorités – ne serait rien d’autre qu’un pur et simple « jeu d’acteur ». Du théâtre en somme, dont on ne peut voir que la scène et les décors et point l’arrière-scène.

Confusion radicale sur la radicalité

Que donc se cacherait-il derrière cette « scène » si innocente et chaleureuse en apparence ? La réponse leur apparait évidente : le « communautarisme », l’« islamisme », la « radicalité ».
D’ordinaire, la « radicalité » se définit comme : la conjonction entre une idéologie politique contestatrice de l’ordre politique et social établi et la légitimation ou le passage à l’acte violent [1]

[1] Farhad Khosrokhavar, Radicalisation, Éditions Maison… . Dans cette perspective, on se demandera, naïvement, où se trouverait la dimension « contestatrice de l’ordre politique et social établi », de même que la « légitimation et l’incitation à la violence ou son passage à l’acte », dans le fait d’éduquer et d’instruire des enfants de tous horizons sociaux (93, 94, 77, etc.) dans le « culte » – il faut le dire, et c’est peut-être le seul « péché » de cette école – de l’amour du savoir et de l’excellence intellectuelle, et dans une perspective éthique universaliste indépendante de toute référence religieuse ou politique existante. Mais là encore, cela ne saurait suffire. Les autorités savent flairer le mensonge dans le mensonge « islamiste ».

Car cela aussi est l’autre grief. L’école serait potentiellement un « appareil idéologique » au service direct ou indirect de l’« islam politique ». L’islam politique, qu’est-ce à dire ? : « [Tout ce] qui [serait], au-delà de la croyance religieuse et de la spiritualité personnelle, [c’est-à-dire, qui porterait] une interprétation du monde, une vision de l’organisation de la société, y compris le monde profane, et un rôle donné à la religion dans l’exercice du pouvoir. En ce triple sens – interprétation du monde, organisation sociale, relation au pouvoir –, il s’agit d’une idéologie politique contemporaine » [2]

[2] Hakim el Karoui, La fabrique de l’islamisme, Institut… nous explique Hakim El Karaoui. Donc, cette école qui ne porterait et ne se revendiquerait d’aucune religion, d’aucune idéologie ou tendance politique, d’aucun financement étranger de on ne sait quel pays du Golf, serait malgré tout, un haut-lieu de l’islamisme. Bon gré mal gré.

Vous avez dit : « Communautariste » ?

Quant au « communautarisme » on se demandera comment une école qui affirme son ambition de pouvoir accueillir n’importe quel élève peu importe son origine sociale, géographique, confessionnelle ou autre, pourrait être un vecteur de « communautarisation » ? Si par « communautarisme » l’on entend : des revendications et des pratiques effectives, par un groupe social particulier – essentiellement ethnique ou religieux dans la vision française –, tendant à promouvoir des « formes-de-vie » fondées sur un « entre soi » formant des « enclaves » hermétiques [3]

[3] Julien Talpin, Marwan Mohammed (dir.),…  ; on se demandera là encore, innocemment, de quel type de « communautarisme » puisse-t-il s’agir, lorsque ladite école MHS – encore une fois… – se veut radicalement ouverte à tous ? A quel type de communautarisme renvoie l’ouvertureà tous et pour tous ? Peut-être au communautarisme de l’universel ? Celui-là même qui est incompréhensible pour certains fervents fondamentalistes pseudo-républicain aux références politico-philosophique complètement obsolètes aujourd’hui. N’est-ce pas plutôt nos opposants qui sont des communautaristes de l’uniformisation pseudo-républicaine et de la ségrégation socio-économique et religieuse ?

Interpellation et assignation

Ce qu’il y’a donc de plus dramatique dans cette affaire, c’est précisément cette assignation identitaire et à la radicalité, forcée et aveugle, bête et méchante. Pour quelle raison l’école MHS est-elle présentée comme « musulmane » alors même qu’elle ne l’est pas ? Sa véritable « faute » : être ouvert à tous, et donc, pouvoir accueillir potentiellement des élèves dits « musulmans », dont des jeunes filles « voilées » – horreur ! Le péché originel se trouverait donc ici. Peu importe que le personnel pédagogique de cet établissement soit composé de professeurs dits « non-musulmans » – écrire ceci est déjà une insulte faite à la philosophie de cette école et à l’antiracisme –, ainsi que des élèves tout aussi « non-musulmans » dans ces précédentes promotions ; la damnation tiendrait dans ce seul fait que l’école puisse accueillir virtuellement des femmes voilées, du fait de son principe d’indifférences aux différences – comme tout bon universalisme [4]

[4] Alain Badiou, Saint Paul. La fondation de… véritable qui se respecte.

En ce sens, les principaux acteurs – ou « premiers concernés » comme aiment à l’énoncer la prose militante – ont beau ne pas se nommer, s’identifier et se revendiquer comme « musulman », que certaines instances du pouvoir le font « pour » eux, les sommant de retourner à leur supposée condition d’origine – forme subtile de « rappel à l’ordre » : « Attentions mes petits, dit ‘‘le plus froid des monstres froids’’, n’oubliez surtout pas que vous êtes des ‘‘musulmans’’ et que ‘‘musulmans’’ vous resterez, ‘‘radicaux’’ qui plus est ! » On se demandera qui communautarise et identitarise qui ici ?

Paranoïa, fantasme et complotisme

Finalement, comment comprendre ce « bon gré mal gré » ? : du vide. Le vide des accusations à l’islamisme, à la radicalisation et au communautarisme. La preuve-de-rien terrifie, et dans le même temps alimente la pulsion accusatrice et soupçonneuse, source de véritable détresse psychique pour les accusateurs. Comme l’explique Slavoj Zizek s’inspirant de Freud, la figure du « Juif conceptuel » constitue l’objet paradigmatique de la paranoïa  :

« il [le ‘‘Juif conceptuel’’] n’existe pas (il ne fait pas partie de notre expérience de la réalité sociale), mais je le crains d’autant plus pour cette raison – en bref, la non existence même du Juif fonctionne en réalité comme le principal argument en faveur de l’antisémitisme. Autrement dit, le discours antisémite construit la figure du Juif comme une entité fantomatique ne se trouvant nulle part dans la réalité, et utilise ensuite ce décalage même entre le ‘‘Juif conceptuel’’ et les Juifs existant réellement, comme le principal argument en faveur de l’antisémitisme. » [5]

[5] Slavoj Zizek, Moins que rien. Hegel et l’ombre du…

De la même façon est construit de façon fantasmatique une figure du « Musulman conceptuel », radical et fanatique, se confondant avec le « Musulman réel » ou supposé tel, alimentant la paranoïa « antimusulmane », de telle sorte que « plus les choses semblent normales, plus elles éveillent la suspicion et plus nous cédons à la panique. » [6]

… Il y a donc lien étroit entre paranoïa et fantasme. En ce sens : c’est parce que l’école MHS ne présente aucun signe de religiosité officielle, n’a aucun lien avec l’islamisme, ne présente aucun élément de radicalisation ou de communautarisme, qu’elle apparait comme d’autant plus « louche » et que la méfiance se doit d’être décuplée. C’est précisément ce « ri
en », ce « vide », qui est la cause de cette méfiance exacerbée et pathologique. Toute cette « légalité », toutes ces « déclarations vertueuses » d’attachement à la laïcité et aux valeurs de la République, ne seraient que de la « mise en scène », de la « dissimulation ».
Nous avons là l’un des principaux symptômes d’une logique de pensée complotiste. Comme l’explique la philosophe Cynthia Fleury :

« Le complotisme est une manière de valider qu’on a une forme de maîtrise, qu’on n’est pas dupe, de valider son intelligence par la bêtise (…) le complotisme est un délire paranoïaque et tout signe va venir renforcer la thèse émise, il permet de donner aux biais de confirmation un terrain absolu. Tout ce qui va être dit, vu, va être interprété pour confirmer la thèse » [7]

Les acteurs de cette école peuvent donc bien faire ou dire ce qu’ils veulent, il n’en restera toujours pas moins vrai qu’ils sont et resteront aux yeux de leurs accusateurs : de dangereux islamistes radicaux communautaristes, voulant mettre en péril le socle Républicain. En effet, comme le décrit Pierre-André Taguieff, un « complot » peut être défini comme « un projet concerté secrètement contre la vie ou la sûreté de quelqu’un ou d’un groupe de personne, ou contre une institution. Il présuppose l’existence d’un accord secret ou d’une entente secrète entre plusieurs personnes, qu’on appelle souvent conspiration (…). Il n’est point de complot sans intention de nuire ni sans manœuvres secrètes concertées. (…) Le complotisme (…) est la vision du monde dominée par la croyance que tous les évènements, dans le monde humain, sont voulus, réalisés comme des projets et que, en tant que tels, ils révèlent d’intention cachées – cachées, parce que mauvaises. » [8]

[8] Pierre-André Taguieff, L’imaginaire du complot mondial,… La pensée complotiste suppose l’existence de groupes organisés ayant un projet et des objectifs néfastes, nuisibles, pervers, qu’ils fomenteraient et mettraient en œuvre de façon secrète et détournée. On a là un autre trait de la pensée complotiste : l’exigence de recherche de l’ennemi véritable, d’un ennemi qui toujours semble flou et indistinct, d’où l’interprétation forcée :
« La figure de l’ennemi insaisissable, intérieur autant qu’extérieur, aux motivations floues, alimente l’imaginaire du complot, du complot dans le complot. Rien n’exaspère plus un esprit complotiste que l’impuissance qu’il éprouve à identifier son véritable adversaire. On sait combien il est difficile de distinguer clairement les islamistes dits radicaux des islamistes militants en général (…) » [9]

[9] Ibid.,…

C’est exactement dans ce genre d’énigme insoluble que sont plongés un certain nombre d’agents de l’État : il s’agira pour eux de tenter de débusquer dans le « Musulman réel », le « Musulman conceptuel » fantasmatique qui s’y cache ; et ce, à travers un « faisceau d’indices » disait le recteur. Faisceau d’indices, dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissants, mais dont on peut largement comprendre qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une identification forcée et arbitraire à tous ce qui relèverait d’une « islamité » imaginaire et fantasmée, fût-elle rejetée par les acteurs.

« Tiens, un nègre ! » ; « Tiens, un musulman ! »

Le comportement de ces autorités est, en un certain sens, comparable à cet enfant parlant à sa mère et montrant du doigt Frantz Fanon [10]

[10] A la différence près, qui fait toute la différence,…  : « Tiens, un nègre ! », provoquant un effet performatif d’interpellation, d’assignation et de double conscience tel que l’entendait William E. Du Bois, c’est-à-dire la production d’une conscience écartelée entre la nécessité de répondre « oui, je suis un nègre [ou un musulman, N.D.A] » et « non, je ne suis pas un nègre [musulman] » [11]

[11] W.E.B. Du Bois, Les âmes du peuple noir, La… – de là, la violence de l’assignation identitaire par des instances de pouvoir. Relisons ces pages de Peau noir, masques blancs :

« ‘‘Tiens, un nègre !’’ C’était un stimulus extérieur qui me chiquenaudait en passant. J’esquissai un sourire. ‘‘Tiens, un nègre !’’ C’était vrai. Je m’amusai. ‘‘Tiens, un nègre !’’ Le cercle peu à peu se resserrait. Je m’amusai ouvertement. ‘‘Maman, regarde le nègre, j’ai peur !’’ Peur ! Peur ! Voilà qu’on se mettait à me craindre. Je voulus m’amuser jusqu’à m’étouffer, mais cela m’était devenu impossible. » [12]

[12] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil,…

En faisant peser sur le sujet tel ou tel particularisme, on le soustrait à la commune normalité de tous autres – principalement nationale et citoyenne –, et on justifie et légitime en retour ledit particularisme à quoi ne peut – ou ne pourrait – que se rattacher l’individu en question, n’ayant finalement plus que cela à quoi tenir :

« – Regarde, il est beau, ce nègre… – le beau nègre vous emmerde, madame ! La honte lui orna le visage. Enfin j’étais libéré de ma rumination. Du même coup, je réalisais deux choses : j’identifiais mes ennemis et je créais du scandale. » [13]

[13] Ibid.,…

Voilà sur quoi, fort probablement, débouchera cette vindicte politique, aussi basse que leur faculté analytique : à de l’hyper-affirmation identitaire passant par du ressentiment, assurément. Car s’il est tout à fait vrai qu’il ne faut pas céder au ressentiment comme l’explique Cynthia Fleury [14]

[14] Cynthia Fleury, Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment,… , on ne peut prétendre que cet effort éthico-psychique ne relèverait que de la seule responsabilité de la « victime » supposée. Que faire, lorsque l’« État » lui-même alimente jusqu’à satiété le feu de l’amertume et de l’insidieuse rancœur ? Que ce dernier ne s’étonne pas, donc, des dégâts qu’il causera.

« Tiens, des musulmans ! » dit le tout-puissant Léviathan, marquant au fer rouge, dans l’âme de ces élèves dits « musulmans », le stigmate de lépreux sociaux – cette identité « pourrie » dirait Erving Goffman. Les voici donc de nouveau rappelés à leur condition religieuse supposément particulière et nécessaire, mettant en péril tout le travail de véritable « respiration laïque » – passant par l’esprit et non par les corps à la façon dont ne sait quel fondamentalisme puritain – de cette école, ou seule compte la dévotion inconditionnelle du savoir pour seule fin :

« Le nègre s’universalise, mais au lycée Saint-Louis, à Paris, on en balance un : il a eu l’impudence de lire Engels. » [15]

[15] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, opus cité,…

Les « musulmans » s’universalisent, mais au collège-lycée MHS, à Paris, on en balance un ou plusieurs : ils ont eu l’impudence de lire Michel Foucault, Raymond Aron, Pierre Bourdieu et Alain Badiou. Est-ce cela qui brûle tant les yeux et les cœurs des détracteurs de cette école… ?

[1] Farhad Khosrokhavar, Radicalisation, Éditions Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2014 ; « Guide interministériel de prévention de la radicalisation » du CIPDR en mars 2016 ; Séraphin Alava, Jérôme Ferret, « Contre la radicalisation » : identifier et déconstruire le processus de radicalisation, livret pédagogique publié dans le cadre du concours Alter Ego Ratio, Fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement, 2018-2019, p. 7. ; Fabrice Teicher, Approche et pratique préventive de la radicalisation en prison en France, CFF, Paris, 2018-2019 ; Laurent Bonelli, Fabien Carrié, La Fabrique de la radicalité, Seuil, Paris, 2018 ; Olivier Galland, Anne Muxel (dir.), La tentation radicale, PUF, Paris, 2018

[2] Hakim el Karoui, La fabrique de l’islamisme, Institut Montaigne, Paris, 2018, p.13

[3] Julien Talpin, Marwan Mohammed (dir.), Communautarisme ?, PUF, Paris, 2018

[4] Alain Badiou, Saint Paul. La fondation de l’universalisme, PUF, Paris, 2002

[5] Slavoj Zizek, Moins que rien. Hegel et l’ombre du matérialisme dialectique, Fayard, Paris, 2015, p.590-91

[6Ibid.

[7https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-20-novembre-2020?fbclid=IwAR0oQJERcRKyY3H0m6ALky18b81Mw2WSxCZyRCJ0nuJsytufiUaFTvR16eI

[8] Pierre-André Taguieff, L’imaginaire du complot mondial, Mille et une nuits, Paris, 2006, p.54

[9Ibid., p.39

[10] A la différence près, qui fait toute la différence, qu’il ne s’agit pas d’un enfant ici, mais des différents appareils d’État…

[11] W.E.B. Du Bois, Les âmes du peuple noir, La découverte, Paris, 2007 ; voir également Pierre Macherey, Le sujet des normes, Éditions Amsterdam, Paris, 2014, p.69

[12] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, Paris, 1952, p.90

[13Ibid., p.92

[14] Cynthia Fleury, Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment, Gallimard, Paris, 2020

[15] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, opus cité, p.151

https://lundi.am/De-quoi-l-assignation-a-la-radicalite-est-elle-le-nom

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