Onze bonnes résolutions pour s’émanciper de la «mal info» en 2022

Médias

31 décembre 2021 par Ivan du Roy

Bien s’informer en 2022 sera, encore plus que d’habitude, essentiel. Entre campagne électorale, banalisation des discours d’exclusion, et retour des mobilisations écologiques et sociales, voici onze (conseils de) bonnes résolutions à suivre.

Publié dans Alternatives

#médias libres

Les six mois qui viennent, avec leurs échéances électorales, vont être le théâtre d’une bataille de l’information, avec pour décor le nécessaire bilan critique du quinquennat Macron (et la communication gouvernementale qui tentera de l’étouffer), une extrême droite qui peut désormais exprimer ses obsessions stigmatisantes à bien des micros sans être contredite, et les inévitables rumeurs qui surgiront sur tel ou tel sujet. Dans ce contexte, notre mission d’informer sur les enjeux de fond, au-delà des propagandes et des écrans de fumées, risque de se révéler délicate. Les médias qui continuent d’exercer leur métier honnêtement vont avoir besoin de soutien : que leurs lectrices et lecteurs ne demeurent pas spectateurs de cette bataille, mais y prennent part ! D’autant que la situation des médias indépendants, et engagés en faveur de l’émancipation, est difficile.

La concentration de la majorité des médias aux mains de quelques grosses fortunes suit la même tendance que l’accaparement des richesses. Auparavant, l’influence de ces milliardaires propriétaires de journaux et télés restait discrète : quand l’autocensure des rédactions ne suffisait plus, de courtoises pressions permettaient d’éviter les sujets ou les lignes éditoriales trop dérangeants, tout en préservant l’apparence du pluralisme. S’acheter un empire médiatique, comme l’a fait Bolloré en cinq ans (avec Cnews, Europe1, Le JDD ou Paris Match, et peut-être bientôt Le Figaro), permet désormais d’influer directement sur les élections, quitte à favoriser outrageusement un candidat (d’extrême droite) et les opinions les plus nauséabondes.

Sur les réseaux sociaux, ce sont les algorithmes façonnés par la quête de profits (via la publicité ou l’étude de votre comportement), qui sélectionnent ce que vous êtes censés voir, écouter ou lire. Google (Google Actualités, Youtube…) ou Facebook (Instagram, Whatsapp) n’écrivent pas d’articles, ne réalisent pas de vidéos, de reportages ou d’enquêtes : ils se contentent de les diffuser, ou pas, de les rendre visibles, ou pas, quelle que soit la rigueur des informations qui y sont contenues. Le pluralisme, là aussi, ne compte plus. Les contenus les plus outranciers y sont favorisés, comme l’a admis la direction de Twitter suite à une étude. S’y ajoute la possibilité de « sponsoriser » des contenus, pour les rendre encore plus visibles, voire de piller massivement les données personnelles pour tenter de manipuler l’opinion par des messages ciblés (comme lors de l’élection de Trump aux États-Unis en 2016).

La tendance à s’indigner à chacune de ces outrances, qu’elles s’expriment sur les plateaux des « chaînes d’infos » ou les réseaux sociaux, si elle est légitime, comporte un défaut principal : elle rend encore davantage visible ce contre quoi on s’indigne. Ce flot d’outrances et d’indignations sature alors l’espace, rendant invisibles les résistances, les mobilisations, les solidarités.

La presse « pas pareille » en France La carte recensant les médias indépendants, généralistes ou locaux, réalisée par L’Âge de faire.

Que faire face à cette situation ? Voilà plus d’une décennie qu’un écosystème de médias indépendants, engagés en faveur de l’émancipation et non de l’exclusion ou de la stigmatisation, se constitue. Basta! en a été l’un des pionniers en proposant des articles approfondis, en accès libre, partageables par toutes et tous, sans publicité et sans collecte de vos données. Nous avons parlé d’écologie alors que la plupart des médias n’y consacraient même pas une rubrique. Nous nous sommes penchés sur les conditions de travail, quand la presse économique relayait principalement le point de vue des directions financières. Nous avons recensé les violences policières létales à l’heure où celles-ci étaient, au mieux, reléguées aux rubriques des faits divers.

D’autres médias indépendants, en accès libre ou payant ont, depuis, émergé. Ils offrent à chacun·e la possibilité de s’informer correctement sur différents sujets, peu ou pas traités ailleurs. Voici les bonnes résolutions que chacun et chacune peut adopter pour mieux s’informer en 2022.

1. Soutenir basta! bien évidemment !
Parce que nous dépendons de vos dons pour continuer : c’est ici. Et si vous ne voulez rien manquer de nos publications et ne pas dépendre de ce que Facebook ou Twitter daigneront vous montrer, abonnez-vous à nos newsletters (gratuites et sans publicité) : c’est là.Je lis, j’aime, je soutiens Basta est en accès libre. Je fais un don maintenant  !

2. Suivre l’actualité sur le portail des médias libres plutôt que sur Morandini.com
Vous y découvrez chaque jour notre sélection d’articles, de podcasts ou de vidéos, et, puisé parmi une centaine de sources fiables référencées, d’Afrique XXI à la revue Zélium, en passant par Les Jours ou L’Humanité.

3. S’informer sur les mobilisations sociales
Pour aller au-delà de l’indignation (parfois stérile), le site Rapports de force suit l’actualité des mouvements sociaux. Les podcasts de Radio Parleur (qui n’acceptent pas le sponsoring par de grandes entreprises) vous proposent d’écouter les acteurs et actrices des mobilisations, des points de vue et analyses que vous n’entendrez que trop rarement sur les grands médias audiovisuels. Et en particulier l’émission mensuelle réalisée en partenariat avec basta! et l’hebdomadaire Politis. Radio Parleur édite également une lettre électronique hebdomadaire, la Lettre des luttes.

Allô Bercy ? L’enquête Allô Bercy documente l’ensemble des aides publiques perçues sans aucune condition par les grandes entreprises cotées en bourse. Bizarrement la question de la dette publique ne se pose pas sur ce sujet…

4. Une autre info sur l’économie
Besoin d’autres points de vue que celui des « experts » qui arpentent les plateaux télés ? Que les communiqués d’entreprise ? Fatigué du lancinant « la dette publique c’est mal » justifiant le toujours moins (de soignants, d’enseignants, de chercheurs, de protections sociales, de services publics…) ? Lisez les analyses de l’Observatoire des multinationales, fondé par l’équipe de basta! (et la grande enquête Allô Bercy). Le site du mensuel Alternatives économiques participe aussi à déconstruire le discours dominant – et néolibéral – sur l’économie et ce qui reste de notre modèle social, ainsi que la rubrique éco de Mediapart (sur abonnement).

5. Identifier la menace d’extrême droite pour mieux s’en protéger
StreetPress documente régulièrement la menace que fait peser la nébuleuse d’extrême droite et ses groupuscules néofascistes les plus virulents. Un suivi indispensable pour se prémunir de leurs exactions qui se multiplient.

6. L’actualité de l’écologie et des manières de faire autrement
Outre la rubrique écologie de basta!, le site Reporterre suit quotidiennement l’actualité de l’écologie. À lire également le mensuel L’Âge de faire, avec qui basta! échange régulièrement des articles, ainsi que le magazine Kaizen, davantage axé sur les changements individuels de mode de vie.

7. Une autre télévision est possible
En manque de pluralisme (de gauche) sur les télévisions classiques ? Plusieurs émissions de débats ou d’interviews tentent, sur le Web, de rééquilibrer un paysage audiovisuel qui penche de plus en plus à droite : À l’air libre (Médiapart), Arrêt sur images, des émissions de Blast ou du Média, et un nouveau venu en 2022 : Off Investigation.

Podcast à trois voix Basta!, Radio Parleur et Politis vous proposent chaque mois, gratuitement, une émission pour approfondir un sujet écologique et social.

8. Si vous préférez le bon vieux papier…
L’hebdomadaire Politis, avec qui basta! travaille régulièrement, prépare une nouvelle formule en 2022. La nouvelle revue trimestrielle La Déferlante propose de son côté un point de vue féministe sur l’actualité. Et le mensuel CQFD, basé à Marseille, publie chaque mois des dossiers de qualité.

9. S’informer (aussi) local et global !
Pour « agir local et penser global », les investigations de Médiacités (sur abonnement) éclairent la vie locale. Le Bondy Blog vous raconte les quartiers populaires franciliens, loin des clichés des éditorialistes déconnectés, tout en formant de jeunes journalistes. Et si vous habitez Marseille et ses environs, ce sera le journal satirique Le Ravi.
Parce qu’il faut se méfier du nombrilisme et des points de vue franco-français, Orient XXI, Afrique XXI et Le Monde diplomatique (sur abonnement) permettent d’approfondir certains sujets internationaux.
Et comme un pont entre l’info de proximité et les secousses géopolitiques, le site Guiti News, édité par des journalistes français et exilés, racontent les migrations autrement.

10. Ne pas se laisser gagner par la déprime, et s’informer sur les alternatives
Plein de petites utopies tentent de se construire. Elles répondent à des besoins, à du sens, à l’intérêt général, sont parfois limitées, mais ont le mérite d’exister. La rubrique Alternatives de basta! s’y consacrent régulièrement. Vous pouvez aussi consulter notre carte des alternatives, qui recense celles dont parlent les médias indépendants.

La carte des alternatives Elle est interactive sur notre portail des médias libres.

11. Critiquer et débattre avec bienveillance
Aucun de vos titres préférés n’est parfait. Des erreurs factuelles peuvent être commises, des analyses peuvent se révéler fausses. N’hésitez pas à critiquer de manière argumentée et étayée. La rédaction de basta! a elle-même parfois des divergences avec d’autres médias indépendants sur la manière de traiter certains sujets ou points de vue, même si nous nous retrouvons sur l’essentiel.

Bonne année 2022 à toutes et tous !

Ivan du Roy

https://basta.media/onze-bonnes-resolutions-pour-bien-s-informer-en-2022-medias-independants

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