Les vieux réacteurs iront-ils vraiment jusqu’à 50 ans ou 60 ans ?

Revue de presse – Hiver 2020-2021(décembre – janvier – février)

Les plus anciens réacteurs nucléaires d’EDF prolongés de dix ans
Le Monde, 25 février 2021 : https://cutt.ly/ClTWMCf
Les réacteurs les plus anciens d’EDF obtiennent dix ans de rab
Libération, 25 février 2021 : https://cutt.ly/HlTE2vw
Nucléaire : la production d’EDF au plus bas depuis près de trente ans
Les Échos, 4 janvier 2021 : https://cutt.ly/OlTTaOa

La majorité des médias ont dernièrement relayé l’ « information » selon laquelle les 32 réacteurs EDF de 900MW – situés dans huit centrales : Bugey (Ain), Blayais (Gironde), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Saint-Laurent (Loir-et-Cher) et Tricastin (Drôme) – auraient obtenu l’aval de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour fonctionner jusqu’à 50 ans d’âge.

En réalité, même s’il est une fois de plus démontré que la prétendue « autorité » de prétendue « sûreté » nucléaire parle beaucoup mais finit toujours par se plier aux exigences d’EDF, il ne s’agit que d’un avis générique, il doit ensuite être confirmé (ou non !) réacteur par réacteur. Or ceux-ci sont tellement délabrés que la production nucléaire française est au plus bas depuis 30 ans

Mais, bien que soumise à EDF, l’ASN ne peut en revanche pas sortir de sa poche les dizaines de milliards nécessaires pour rénover chacun de ces réacteurs afin qu’il puisse effectivement continuer à fonctionner au-delà des 40 ans. Il faut aussi ajouter les fort chères mesures « post-Fukushima » mais, plus ridicule que jamais, l’ASN a accepté des délais jusqu’à… 2034 ! (voir ci-dessous). Mais même avec ces petits arrangements, EDF n’a pas les sommes nécessaires, loin de là. D’où le projet macronien « Hercule » de scission d’EDF pour nationaliser le parc nucléaire et le renflouer à grands coups de milliards pris dans les caisses de l’État

Mais ce dernier est lui-même en grave déficit (près de 3000 milliards !) et Bruxelles veille : hors de question de subventionner massivement l’industrie nucléaire au détriment de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée ». Mais, comme l’ASN, la Commission de Bruxelles sait bafouer ses propres préconisations lorsqu’il s’agit de se plier aux exigences des industriels… A suivre…

Délabrement avancé des réacteurs nucléaires d’EDF

Réacteur 2 de Flamanville : 23 mois d’arrêt !
AFP, 12 décembre 2020 : https://cutt.ly/mlI1HQQ

Le nombre d’incidents graves sur le parc nucléaire EDF a augmenté depuis 2010
Reporterre, 15 décembre 2020 : https://cutt.ly/JlLJYUD

EDF : la mise aux « normes Fukushima » ne sera achevée… qu’en 2034 !
Canard enchaîné, 24 février 2021 : https://www.lecanardenchaine.fr

Il paraît que le nucléaire serait la seule source « fiable » de production d’électricité. Il faut en effet reconnaître un exemple de réelle stabilité de production avec le réacteur 1 de la centrale de Flamanville (à côté de l’EPR en chantier) : 0 kwh produits pendant 23 mois consécutifs !

Reporterre fait état d’un rapport fort inquiétant de Global chance basé non pas sur des affirmations d’activistes antinucléaires (nécessairement « irresponsables » !) mais sur les déclarations d’incidents classés « niveau 2 » entre 2010 et 2020 par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et les rapports de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). En résumé, le parc nucléaire EDF est de plus en plus délabré (et pas seulement à Flamanville) et tout cela va mal finir…

Mieux (si l’on peut dire) : l’IRSN relève dans un rapport publié le 7 janvier que la mise en place des mesures « Post-Fukushima » sur le parc nucléaire d’EDF ne sera pas achevée avant 2034 (!)… et encore, on connaît l’habitude d’EDF pour multiplier les retards. Un quart de siècle pour tenir compte d’une catastrophe, c’est ça la « sûreté nucléaire » à la française

Relance du nucléaire : Macron se hâte lentement

Le plaidoyer pronucléaire d’Emmanuel Macron
Le Monde, 4 décembre 2020 : https://cutt.ly/5lINcox
Macron : «l’avenir énergétique et écologique de la France passe par le nucléaire»
Le Figaro, 8 décembre 2020 : https://cutt.ly/QlItnlj
Nucléaire : « Pour Emmanuel Macron, c’est la filière militaire qui prime »
Le Monde, 21 décembre 2020 : https://cutt.ly/GlI98FZ

Placé à l’Élysée par de puissants réseaux industriels et financiers, le dénommé Macron est en toute logique favorable à tout ce qui profite à ses « parrains » et donc à tout ce qui nuit à la population. Il est donc très logiquement radicalement pronucléaire. C’est ainsi qu’il s’est rendu début décembre au Creusot, haut lieu de l’incompétence atomique française (pour mémoire, c’est là qu’ont été produites des milliers de pièces défectueuses dont la fameuse cuve de l’EPR de Flamanville).

Toute honte bue, les « élites » de l’atome hexagonal attendaient des annonces fracassantes, en particulier le lancement d’un programme de construction de 6 réacteurs EPR, voir même plus. Mais elles ont été déçues : bien que farouchement atomiste, Macron n’est pas complètement idiot, et il ne peut que constater qu’EDF est depuis 13 ans incapable de construire l’EPR de Flamanville (il devait entrer en service en 2008 !) : comment EDF pourrait-elle faire des tas d’EPR alors qu’elle n’arrive pas à en finir un seul ? Du coup, les industriels ont dû se contenter de belles paroles et de promesses, les décisions étant repoussées à 2023… après l’élection présidentielle.

En revanche, ce sont les atomistes militaires qui ont décroché le jackpot, avec l’annonce de la construction d’un porte-avion nucléaire pour succéder en 2038 au Charles-de-Gaulle. Il est vrai que, au point où elle en est, la France peut encore gaspiller des milliards…

Notons aussi que le « vieux » Macron a décidé de faire de la propagande pronucléaire en direction des jeunes en s’adressant à eux par le biais de Brut ou de Snapchat. Mais, au Creusot, le locataire de l’Élysée a asséné que « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil ». Or, si les jeunes sont relativement opposés au nucléaire civil, ils sont en revanche radicalement contre le nucléaire militaire. En avouant que les deux sont clairement liés, Macron s’est probablement tiré une balle dans le pied. Tant mieux !

…mais EDF choisit un site et commande des pièces !

EDF opte pour le site de Penly, près de Dieppe, afin d’y implanter son nouvel EPR
Paris-Normandie, 17 décembre 2020 : https://cutt.ly/vlJEQHm
EDF commande déjà à Framatome des pièces pour d’éventuels futurs EPR
AFP, 28 janvier 2021 : https://cutt.ly/IlJW7KQ

Déçus de ne pas avoir reçu l’aval élyséen, les dirigeants d’EDF ont une fois de plus décidé de pratiquer la politique du fait accompli en choisissant un site (Penly, en Seine-Maritime) pour un nouvel EPR et en commandant carrément les pièces pour ce projet. Toujours cyniques, ils ont précisé agir ainsi“sans préjuger de la décision qui sera prise par le gouvernement de renouveler ou non le parc nucléaire”.

Ben voyons, « sans préjuger » ! Mais, comme déjà dit, EDF n’a d’argent ni pour entretenir ses vieux réacteurs ni pour s’en payer de nouveaux (quant aux déchets radioactifs et aux installations à démanteler, c’est cadeau pour nos enfants !).

Ce cirque se terminera immanquablement par une nouvelle déroute d’EDF et des dizaines de milliards gaspillés : il est grand temps que les « irresponsables » industriels paient eux-mêmes pour leurs forfaitures au lieu de partir avec de retraites chapeaux…

Notons enfin, pour mémoire, que le repris de justice Sarkozy avait déjà annoncé un EPR à Penly… en janvier 2009 (cf https://cutt.ly/YlJEZhZ), pour une production d’électricité… dès 2017 ! La lutte est serrée pour obtenir la palme du ridicule, mais Sarko a de l’avance…

EPR de Flamanville : le combustible arrive !

Un transport inutile et nuisible à destination

Comme un EPR de déjà vu
Homo nuclearus, décembre 2020 : https://cutt.ly/ZlJJ3Gc

Toujours dans la catégorie du « fait accompli », EDF a décidé de faire venir à Flamanville le combustible nucléaire nécessaire au fonctionnement de l’EPR… alors que personne ne sait si ce réacteur pourra un jour démarrer. En effet, non seulement il n’est toujours pas terminé, mais il reste au moins un problème de taille : les fameuses 8 soudures loupées et qu’EDF doit réparer alors qu’elles sont quasi inaccessibles, coincées entre les deux enceintes de confinement (voir nos précédentes revues de presse). On consultera d’ailleurs avec intérêt un excellent résumé de la saga de l’EPR de Flamanville sur l’excellent site Homo nuclearus

EDF dans l’impasse nucléaire… malgré Le Monde

« EDF n’a pas les moyens de ses ambitions nucléaires »
Le Monde, 11 février 2021 : https://cutt.ly/2ll9ikR
EDF évalue à 1,25 milliard d’euros l’investissement pour une piscine de combustibles nucléaires usés supplémentaire à La Hague
AFP, 18 février 2021 : https://cutt.ly/GlJFYAF

M. Bezat, officiellement journaliste au Monde mais, objectivement, lobbyiste pronucléaire de longue date, ressort un vieil argument périmé : pour pouvoir vendre des EPR, par exemple à la Pologne (mais n’importe quel autre pays peut faire l’affaire, l’essentiel est de faire miroiter une exportation lucrative… ce qui n’arrive jamais!), la France « doit » absolument en construire chez elle.

C’est exactement sous ce prétexte qu’Areva a bradé un EPR à la Finlande en 2003 et qu’EDF a décidé en 2004 de faire un EPR à Flamanville. Ces deux chantiers devaient décider d’innombrables autres clients à acheter des tas d’EPR. Résultat final : seule la Chine a acheté (à prix cassé !) deux îlots nucléaires d’EPR (se chargeant elle-même du reste) et EDF a dû s’offrir – à nos frais ! – British energy pour se commander ensuite deux réacteurs et prétendre que « les Britanniques nous achètent des EPR » !

Les chantiers EPR de Finlande et Flamanville sont des désastres sans fin et, en « contrepartie », aucun acheteur ne s’est présenté. Et il faudrait recommencer cette tactique de losers ? C’est en tout cas le seule « justification » qu’à trouvée notre triste lobbyiste pour espérer encore le fameux et fumeux « grand retour du nucléaire » qu’il a appelé et annoncé (vainement) de si nombreuses fois dans les colonnes du Monde dans les années 2000…

En attendant, outre la question des vieux réacteurs à entretenir et des nouveaux impossibles à financer, EDF a un problème urgent et gravissime : les capacités de stockage des combustibles nucléaires usés (il s’agit des déchets radioactifs les plus dangereux!) seront complètes vers 2030 c’est à dire, du point de vue industriel, demain matin !

Une grande piscine de stockage doit donc voir le jour vers 2034 (notez que c’est déjà 4 ans trop tard… sans oublier que les projets nucléaires prennent toujours des années de retard !) pour la modique somme de 1,25 milliard d’euros, qui ne manquera évidemment pas de se transformer en 3 ou 5 ou 8 milliards, qu’EDF ne possède absolument pas…

Finlande : déboires sur l’EPR… et sur d’autres réacteurs !

Les déboires d’Areva en Finlande vont (encore) coûter plus de 600 millions à l’Etat
Le Monde, 10 décembre 2020 : https://cutt.ly/plIUMDz

Areva SA : un « champion » du nucléaire en cessation de paiement
Le Canard enchaîne, 9 décembre 2020 : https://www.lecanardenchaine.fr

Finlande: incident «sérieux» dans une centrale nucléaire, pas de fuite extérieure
AFP, 10 décembre 2020 : https://cutt.ly/XlIY1YB

Le 17 octobre 2003, Les Echos annonçaient une « grande victoire » de l’atome hexagonal…

L’EPR bradé par Anne Lauvergeon (Areva) en 2003 à la Finlande pour 3 malheureux milliards (il nous coûte plus de 12 milliards !) devait entrer en service en 2009 mais, comme celui de Flamanville, il accumule les malfaçon, retards, surcoûts, et son chantier semble sans fin.

Après sa faillite, Areva a été démantelée et coupée en trois morceaux dont un, Areva SA, a pour mission unique d’essayer de terminer enfin l’EPR finlandais. Mais cette structure est à nouveau en situation de faillite et l’État français (c’est à dire nous tous) va devoir remettre au pot, entre 600 et 800 millions, probablement 1 milliard, on n’est plus à ça près.

Sans même évoquer l’affaire de corruption Uramin dans laquelle elle est impliquée jusqu’au cou, Madame Lauvergeon (ex « Atomic Anne », son surnom quand la majorité des médias lui déroulaient le tapis radioactif) devrait d’ores et déjà croupir en prison. Mais, comme chacun sait, il n’y a pas de solution pour les déchets radioactifs…

Les Finlandais s’amusent aussi avec leurs réacteurs situés à côté de l’EPR : «Des niveaux élevés de radiation» ont été relevés à l’intérieur de la centrale », mais « pas à l’extérieur » a précisé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)… dans un tweet. Ouf, Trump n’aurait pas fait mieux.

L’EPR anglais en retard (normal, c’est un EPR !)

EDF reporte la date de démarrage de l’EPR de Hinckley Point
Agence Agefi-DowJones, 27 janvier 2021 : https://cutt.ly/slO6xS3

En 2007, le chef d’EDF en Grande-Bretagne, Vincent de Rivaz, assurait que les Britanniques pourraient faire cuire leurs dindes lors du Noël 2017 avec l’électricité issue de l’EPR. Nous sommes en 2021 et la fin du chantier, reportée à 2025, est désormais annoncée pour 2026, sous l’excuse du covid. Le virus a bon dos, les dindes de 2017 (dont M. de Rivaz) ne glougloutent plus et l’EPR britannique suit l’exemple catastrophique de ses prédécesseurs de Finlande et de Flamanville.

Une certitude, les citoyens français vont une nouvelle fois payer très cher pour un projet nucléaire absurde (pléonasme). Souvenez-vous, il y a exactement 5 ans en mars 2016, le directeur financier d’EDF Thomas Piquemal avait démissionné, quittant une situation et un salaire en or, pour dénoncer courageusement la folie de cette opération.

Seule « consolation », les citoyens britanniques eux aussi vont payer cher cette absurdité vues les conditions insensées concédées par l’ex premier ministre Cameron, entre une intervention militaire « lumineuse » en Libye (avec le repris de justice Sarkozy) et un référendum sur le Brexit qu’il était « certain de gagner » : une fois de plus, les pronucléaires ont démontré toute leur perspicacité.

Notons aussi que, en septembre 2015, le maire de Londres de l’époque, un certain Boris Jonhson, déclarait que le projet d’EPR en Grande-Bretagne était « totalement fou », sans pour autant le stopper maintenant qu’il est premier ministre…

Les projets nucléaires britanniques tombent à l’eau

Horizon (Hitachi) retire sa demande de centrale nucléaire de Wylfa
Nuclear Engineering, 1er février 2021 : https://cutt.ly/qlPizTs

Le projet de centrale nucléaire d’EDF à Sizewell de plus en plus incertain
Newcivilengineer, 23 février 2021 : https://cutt.ly/YlPdFIh

L’EPR n’est pas le seul projet nucléaire britannique à avoir du plomb dans l’aile. Ainsi, le 28 janvier, la filiale d’Hitachi, Horizon Nuclear Power, a notifié à l’Inspection de la planification britannique qu’elle retirait sa demande de centrale nucléaire à Wylfa (Pays de Galles) où elle avait prévu de construire deux réacteurs. Plouf !

A Sizewell (côte est de l’Angleterre), c’est EDF qui rêve de construire deux EPR, en jurant (comme toujours) que cette fois-ci le chantier ne prendra pas de retard et que les coûts ne s’envoleront pas. Mais, en quasi état de faillite, EDF a besoin que des « zinzins » (surnom des « investisseurs institutionnels ») vienne mettre des milliards dans cette galère.

Mais personne ne peut plus croire aux balivernes d’EDF, Cameron n’est plus là pour dépouiller les citoyens britanniques et les investisseurs potentiels comme Legal & General (L&G)et Aviva Investors font savoir qu’ils n’ont absolument pas l’intention de gaspiller un penny dans le nucléaire…

Au Japon, en Belgique et en Turquie, l’atome coule

Engie déprécie ses actifs nucléaires belges de 2,9 milliards d’euros
Agence Montel, 26 février 2021 : https://cutt.ly/blUYpfJ
Au Japon, la justice invalide la relance de deux réacteurs nucléaires
Le Monde, 6 décembre 2020 : https://cutt.ly/ilU9Xjt

Turquie : explosion à la centrale nucléaire d’Akkuyu(en construction)
Yezigazete, 25 janvier 2021 : https://cutt.ly/mlJS9fY

Engie (ex GDF-Suez) ne sévit pas qu’en France mais aussi en Belgique où elle possède la société Electrabel et ses réacteurs nucléaires aussi délabrés que ceux d’EDF. Mais les dirigeants politiques belges sont bien plus sensés que les Français, et ils imposent la fin prochaine de l’atome. C’est pour cela qu’Engie a décidé d’arrêter « tous les travaux de préparation qui permettraient de prolonger de 20 ans deux unités [Doel 4 et Tihange 3] au-delà de 2025 car il semble peu probable que cette prolongation puisse avoir lieu, compte tenu des contraintes techniques et réglementaires. ». Bye bye !

Au Japon, douche froide pour les atomiste : la justice a annulé la remise en service des deux derniers réacteurs de la centrale de Oi (les deux autres étant déjà définitivement arrêtés). Le juge reproche à l’autorité de sûreté (ARN) de s’être contentée d’une « moyenne » sans « jamais envisager la possibilité d’un tremblement de terre bien supérieur à la moyenne ». Selon le tribunal, l’ARN n’a de ce fait pas respecté… ses propres recommandations ! Comme quoi la prétendue « autorité » de sûreté japonais est aussi ridicule que l’ASN française, qui parle beaucoup mais finit toujours par tout accorder à EDF. Mais, au Japon, la Justice n’est pas à la botte du lobby atomique…

Sur les 54 réacteurs en service avant 2011, seuls 7 sont à ce jour susceptibles de refonctionner et, aux dernières nouvelles, seuls deux tournent effectivement. Et le Japon a fonctionné avec 0 % de nucléaire pendant des mois. Notons une nouvelle fois que ce qui est possible dans un pays très industrialisé et comptant 130 millions d’habitants doit forcément être possible aussi en France…

En Turquie, le plupart des nombreux réacteurs annoncés avec tambours et trompettes ont discrètement été annulés. En 2013, la majorité des médias français avaient célébré le « contrat du siècle » décroché par Engie (GDF-Suez à l’époque) en Turquie avec quatre exemplaires d’un nouveau modèle « révolutionnaire » appelé Atmea, prévus à Sinop. Les mêmes médias ont bien entendu « oublié » de titrer sur l’annulation de ce projet et sur la vacuité de leurs reportages de 2013.

Il ne reste qu’un projet nucléaire en cours en Turquie, à Akkuyu, fort mal en point puisqu’il s’agit d’une centrale construite depuis 2015 par les Russes lesquels, entre temps, se sont sérieusement fâchés avec le dictateur Erdogan. D’ailleurs, une violente explosion qui a eu lieu sur le chantier dans la soirée du mardi 19 janvier et a brisé les vitres des maisons et des voitures des alentours. Cette centrale qui devait entrer en service en 2021 semble suivre la même voie que l’EPR…

Déchets radioactifs : pas de pommade pour Poma !

Projet Cigéo à Bure : Poma, désengage-toi !
Communiqué associatif, 1er décembre 2020 : https://cutt.ly/qlTbVtH
Poma, le géant du transport par câble, cible des anti-nucléaires
France bleu, 1er décembre 2020 : https://cutt.ly/slTnhOu

Près de Bure, la société POMA construit un prototype du funiculaire qui, si la population ne stoppe pas à temps les atomistes fous (pléonasme), serait utilisé pour descendre les déchets radioactifs dans le site Cigéo : un funiculaire de 4,2 kilomètres de long (!) qui emmènerait les colis empoisonnés à 500 mètres de profondeur !

Après avoir contribué au saccage des Alpes par l’installation de centaines de remontées mécaniques, dont beaucoup sont aujourd’hui à l’abandon, la société Poma veut se recycler dans la contamination en grande profondeur. Alors, pas de pommade pour Poma : des activistes ont « redécoré » un site de l’industriel situé à Gilly-sur-Isère (Savoie)…

Bure/Cigeo : qui y croit encore ?

Déchets nucléaires : une note « explosive » souligne les lacunes du projet Cigéo
Reporterre, 5 janvier 2021 : https://cutt.ly/QlJltQq
Les militants anti-Cigéo enfin libres de vivre normalement
Reporterre, 20 février 2021 : https://cutt.ly/SlJh2qQ

Mercredi 13 janvier, l’Autorité environnementale a livré un avis très critique sur le projet d’enfouissement des déchets nucléaires Cigéo, dans la Meuse. De nombreux aspects – jusqu’au choix du mode de stockage – y sont remis en question. Qui se penche quelques instants sur le dossier de Cigéo comprend vite que c’est une pure folie. Qui peut encore croire à Cigéo à part des intégristes, adorateurs aveugles du « dieu » atome ?

Hasard du calendrier, peu de temps après, le tribunal de Nancy a confirmé le 11 février la levée du contrôle judiciaire à l’encontre des militants anti-Cigéo poursuivis depuis 2018. Le procureur avait fait appel de cette décision. Appel rejeté, donc, par la cour de Nancy.

Les dix militants peuvent donc enfin vivre normalement, se voir et se rendre dans les département de la Meuse et de la Haute-Marne, à l’exception de l’un d’entre eux. On peut hélas craindre que ce ne soit qu’une pause dans la mise en place d’une forme de dictature locale destinée à réprimer autour de Bure les gens lucides qui s’opposent au crime de l’enfouissement des déchets radioactifs.

Fukushima : 10 ans après, la centrale frôle une nouvelle

catastrophe

Des fuites d’eau indiquent de nouveaux dommages à la centrale de Fukushima
AP, 19 février 2021 : https://cutt.ly/Fll61OV
Centrale nucléaire de Fukushima: les sismomètres étaient hors-service !
AP, 22 février 2021 : https://cutt.ly/IlzqUY8

Le 13 février 2021, pratiquement dix ans après le début du désastre nucléaire, un nouveau séisme violent a secoué la tristement célèbre centrale de Fukushima. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que, aujourd’hui encore, il est nécessaire de refroidir les trois coeurs en fusion (ceux des réacteurs 1, 2 et 3) sous peine d’un redémarrage de la réaction nucléaire et d’une nouvelle catastrophe.

L’opérateur Tepco a reconnu que des sismographes étaient hors-service depuis plus d’un an, et que le système de mesure du niveau d’eau était désactivé dans un des trois réacteurs. L’AP se pose une bonne question : « Cet aveu a soulevé de nouvelles questions quant à savoir si la gestion des risques de l’entreprise s’est améliorée depuis la catastrophe de 2011 ». Poser la question, c’est y répondre…

Fukushima :des découvertes et un livre coup de poing

Découverte de nouvelles particules hautement radioactives à Fukushima
Université d’Helsinki via Le Blog de Fukushima, 26 février 2021 : https://cutt.ly/7lUXuwe

Contre la résilience – A Fukushima et ailleurs
Editions de l’Echappée, février 2021 : https://cutt.ly/2lI89FE

Fukushima :

des découvertes

et un livre

coup de poing

Découverte de nouvelles particules hautement radioactives à Fukushima
Université d’Helsinki via Le Blog de Fukushima, 26 février 2021 : https://cutt.ly/7lUXuwe

Contre la résilience – A Fukushima et ailleurs
Editions de l’Echappée, février 2021 : https://cutt.ly/2lI89FE

Cela fait donc dix ans qu’a commencé la catastrophe de Fukushima, et dix ans que l’exceptionnel Blog de Fukushima enquête, explique, informe, et fait une œuvre salutaire pour la vérité. Hommage à son fondateur et principal animateur Pierre Fetet.

Notons aussi un ouvrage monumental de Thierry Ribault, « Contre la résilience – A Fukushima et ailleurs », qui explique que « à la fois idéologie de l’adaptation et technologie du consentement à la réalité existante, aussi désastreuse soit-elle, la résilience constitue l’une des nombreuses impostures solutionnistes de notre époque. »

C’est un essai passionnant dans lequel vous retrouverez de sinistres personnages comme MM Hériard-Dubreuil ou Lochard que nous connaissons bien depuis notre enquête de 2005 « La malbouffe radioactive » (https://cutt.ly/olOJkkP).

Belgique : le coupdu tuyau nucléaire dans votre jardin…

Les déchets nucléaires polluent déjà l’environnement en Belgique
RTBF, 7 décembre 2020 : https://cutt.ly/3lIy5LR

C’est un bonne blague belge, tellement incroyable qu’on pourrait croire que cela se passe en France ! Des rejets radioactifs du site de Mol-Dessel, qui stocke des déchets nucléaires extrêmement dangereux, sont évacués par… un tuyau qui passe dans de nombreux jardins d’habitants ordinaires !

Pas de quoi être rassuré lorsqu’on sait que l’organisme public Sciensano observe une incidence trois plus élevée de leucémies chez les enfants de moins de 15 ans vivant dans un rayon de 5 km autour des installations nucléaires du site de Mol-Dessel. Cette étude confirme d’ailleurs les résultats d’un premier rapport publié en 2012…

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Les essais atomiques

font encore l’actualité

Essais nucléaires en Polynésie: le rapport de l’Inserm assimilé à du «négationnisme»
AFP, 24 février 2021 : https://cutt.ly/IlJacS8
Essais nucléaires : le vent du Sahara souffle des particules radioactives jusqu’en France
Europe1, 26 février 2021 : https://cutt.ly/plJfBHF

Le 24 février, un rapport de dix « experts » réunis par l’Inserm estime que les résultats des études menées en Polynésie française «sont insuffisants pour conclure de façon solide sur les liens entre l’exposition aux rayonnements ionisants issus des retombées des essais nucléaires atmosphériques en Polynésie française et l’occurrence» de pathologies comme le cancer de la thyroïde ou les hémopathies malignes. L’association polynésienne « 193 » dénonce  : «193 essais nucléaires, c’est l’équivalent de 800 bombes d’Hiroshima : dire qu’il n’y a pas eu d’effets, c’est du négationnisme»

Comme par ironie, quelques jours plus tard, le vent du Sahara a porté sur la France un nuage de sable contenant de la radioactivité issue des essais nucléaires français opérés dans le désert algérien dans les années 60. L’arroseur arrosé…


Vous pouvez soutenir l’Observatoire du nucléaire

Observatoire du nucléaire – www.observatoire-du-nucleaire.org

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