Audience décisive pour Vincenzo Vecchi

Publié le 22 octobre 2019

Rassemblement devant la cour d’appel de Rennes ce jeudi 24 octobre, à 9h.

Ce jeudi 24 octobre à 9h, de nombreux bretons se rassembleront devant la cour d’appel de Rennes pour exprimer leur soutien à Vincenzo Vecchi, emprisonné à Vezin-le-Coquet depuis le 8 août 2019, dans l’attente de l’exécution ou du rejet d’un mandat d’arrêt européen. L’audience du 24 octobre est décisive, puisqu’elle portera précisément sur le fait de remettre Vincenzo Vecchi à l’Etat italien, pour qu’il purge une peine de douze ans de prison relative à sa participation aux manifestations contre le G8 qui se sont tenues à Gênes en 2001.

Espérant faire exécuter le mandat d’arrêt européen, la justice italienne a dû répondre à la demande de complément d’information émise par la justice française. Les justifications étaient attendues, tant l’Italie est suspecte de manipulation. En effet, en plus du mandat d’arrêt européen émis pour que Vincenzo Vecchi purge la peine concernant sa participation aux manifestations de Gênes, un autre mandat concernait une peine prononcée pour sa participation à Milan à une manifestation antifasciste interdite … peine qui, comme l’ont démontré les avocats italiens et français de Vincenzo Vecchi, a d’ores et déjà été purgée.

Pour en savoir plus sur les documents récemment envoyés par l’Italie à la justice française, nous avons contacté un membre actif du comité de soutien, à savoir Eric Vuillard, par ailleurs auteur de plusieurs ouvrages, dont 14 juillet, L’ordre du jour (prix Goncourt 2017) et de La guerre des pauvres. Nous lui avons demandé si l’Italie apportait de nouveaux éléments pour justifier sa position, et si elle tentait de justifier le fait d’avoir émis un mandat d’arrêt européen pour une peine déjà purgée. Voici sa réponse : « L’Italie ne retire pas le mandat d’arrêt européen concernant les événements de Milan, mais elle admet que la peine a été purgée. Cette position est juridiquement intenable, le mandat d’arrêt européen étant alors sans objet. Il est même contraire au principe fondamental du droit selon lequel nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits. Au fond, si elle maintient le mandat portant sur Milan, c’est afin qu’au vu de cette condamnation déjà exécutée, la peine de 12 ans encourue pour les événements de Gênes semble moins révoltante. La justice italienne corrompt l’usage du mandat d’arrêt européen dans le seul but de charger Vincenzo Vecchi, afin de donner le sentiment qu’il s’agit d’un dangereux récidiviste.  »

Puisque l’Italie s’entête à demander que Vincenzo Vecchi lui soit remis, la justice française devra donc dire si, dans un contexte d’inflation de la répression et de montée de l’extrême-droite en Europe, elle considère comme légitime la condamnation à douze ans de prison de Vincenzo Vecchi, pour sa participation aux manifestations de Gênes. Rappelons en outre que la condamnation pour « saccage et dévastation » fut prononcée en vertu d’une loi établie en 1930 par le régime fasciste afin de réprimer toute subversion, et réactivée par Berlusconi pour réprimer les manifestations contre le G8. Cette question dépasse le seul cas de Vincenzo Vecchi, et le soutien que de nombreuses personnes lui expriment s’inscrit dans un combat pour la défense des libertés publiques, et contre la répression de l’expression politique.

C’est aussi ce qui motive l’engagement d’Eric Vuillard : « Je participe au comité de soutien parce que Vincenzo Vecchi risque 12 ans de prison. Il existe une conjonction frappante entre la régression des libertés publiques et la répression subie par le mouvement social. C’est le manifestant que vise cette peine. Vincenzo Vecchi a été condamné sur la base d’une incrimination collective. Il suffit d’être pris à proximité d’une enseigne saccagée lors d’une manifestation pour que soit établi un concours moral, les peines sont alors très lourdes. On ne peut même plus parler d’une disproportion entre le délit et la peine, puisque le délit est fondé sur des preuves inexistantes, et que la simple présence justifie que l’on prenne 12 ans de prison. La plus ordinaire appréciation morale des faits ne saurait concevoir une telle peine. »

Dans ce contexte, la décision qui sera prise par la justice française suite à l’audience du 24 octobre ne concernera pas seulement Vincenzo Vecchi, mais aussi un élément de notre propre liberté. Il importe donc que nous soyons nombreux devant la cour d’appel, tant par solidarité avec Vincenzo Vecchi, que parce que c’est peut-être aussi une partie de notre avenir qui s’y jouera.

https://expansive.info/Audience-decisive-pour-Vincenzo-Vecchi-1798

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.