Pourquoi Macron peut-il envisager d’envoyer l’armée contre les gilets jaunes?

Vingt-trois ans… Il aura fallu attendre le temps d’une génération pour que la loi abolissant le service militaire obligatoire prenne enfin tout son sens.

Lorsque Chirac décida en 1996 de la fin service militaire obligatoire, suivi , comme à l’accoutumée, par un parlement croupion, mais aussi, il faut le dire, par une opinion publique encore traumatisée par la guerre d’Algérie, la plupart des observateurs n’en avaient compris que la moitié des raisons, savoir que l’armée, désormais uniquement de métier, n’avait plus comme fonction première la défense du territoire national contre une agression étrangère. La dissuasion nucléaire était censée répondre à cela. Désormais, la vocation essentielle, sinon unique, de l’armée, serait, comme on le dit pudiquement, de se projeter sur les théâtres d’opérations extérieures. Autrement dit d’être le bras armé de l’impérialisme français, et par conséquent de continuer à ce que la France continue à compter (ou à croire qu’elle comptait) dans les rangs des grandes puissances.

C’était, pour l’opinion publique faire preuve d’un lâche soulagement (plus d’impôt du sang désormais) et d’une belle cécité. Deux événements auraient pourtant dû se rappeler à la mémoire, en tout cas des gens de gauche, et à fortiori à de tous ceux qui se revendiquaient d’un idéal puisé aux sources de la révolution française et de la révolution bolchevique : le rôle joué par le contingent en avril 1961 pour faire capoter le  putsch des généraux d’Alger, et la mutinerie des soldats du 17ème régiment d’infanterie, majoritairement constitué de conscrits, originaires qui plus est de la région qui, sommés de réprimer la révolte des vignerons du Biterrois en 1907 avaient mis la crosse en l’air.

Mais aujourd’hui, pour reprendre le refrain de nos glorieux ancêtres communeux (j’emploie ici à dessin, le terme cher à l’ami Vintras putôt que celui de communard), « ça branle dans le manche ». La police, débordée ou pas débordée, peut-être plutôt victime d’une stratégie décidée en haut lieu qui consiste à laisser libre cours aux casseurs en espérant un retournement de l’opinion publique qui ne vient pas, traversée de contradictions, en tout cas au niveau des décideurs (voir le limogeage du préfet de Paris), semble ne plus pouvoir faire face aux débordements qui s’observent manif après manif, tant il est vrai qu’à l’Élysée ou à Matignon, on s’émeut plus d’une vitrine cassée que d’un œil crevé ou une main arrachée. Et du coup, pour la première fois depuis plus d’un siècle, le pouvoir aux abois envisage de faire intervenir l’armée, autrement dit pour parler clairement, fait savoir urbi et orbi que l’on pourrait désormais tirer (y compris sans sommations, car c’est là le privilège -si je puis dire- des militaires sur la police) sur la foule en colère. Et ce qui serait plus que risqué avec une armée de conscription ou les soldats sont, y compris dans les régiments semi-professionnels (parachutistes), majoritairement des civils en armes, ne l’est plus du tout avec une armée de métier.

Aujourd’hui, vingt-trois ans après sa promulgation, la loi abolissant le service militaire obligatoire prend donc tout son sens. Et il aura fallu pour cela, qu’un président de la république issu de la haute banque (mais que pouvait-on espérer de lui?) soit élu par des citoyens (mais en tout cas pas par l’auteur de ces lignes) qui croyaient ainsi faire face au danger de l’extrême droite

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