A PROPOS DU 26 MAI MARÉE POPULAIRE OU SIMPLE CLAPOTIS ?

 

 

Restons sérieux,… ne chipotons pas sur les chiffres !… La mobilisation du 26 mai n’est pas à la hauteur de ce qui avait été proclamé haut et fort ! Au-delà de la déception,… je pense prévisible, il s’agit de comprendre pourquoi la « mayonnaise ne prend pas ».

 

L’effet  « cinquantenaire de mai 68 » a très probablement joué, créant un emballement communicatif des plus pernicieux. On peut d’autant mieux le comprendre que la situation sociale est très grave,… et que l’impatience du changement se fait sentir dans de nombreux secteurs. Mais ceci n’explique, cependant pas, l’échec de la mobilisation et de manière générale cette atmosphère démoralisante de mouvements sociaux, bien réels, mais incapables de se coordonner.

 

Où est l’erreur ?

 

UN DÉFICIT D’ANALYSE DE L’ÉVOLUTION DE LA SOCIÉTÉ

 

La situation économique et sociale est grave. L’escroquerie macronienne faisant croire – et ça a marché du moins le temps des présidentielles – qu’on allait faire du neuf avec un candidat qui s’étiquetait frauduleusement « anti-système », couplée à une peur, légitime du néo-fascisme du FN, n’a fait illusion qu’un temps. Les masques sont tombés. L’offensive générale du Pouvoir contre les acquis sociaux se fait tous azimuts. Tous les secteurs sont touchés, conflits sociaux et grèves se multiplient.

 

La tentation est donc grande de voir là un début, sinon d’insurrection, du moins de généralisation des conflits.

 

Les partis politiques traditionnels n’ont jamais été, du moins en France, des facteurs de changement social,… bien au contraire (souvenez vous Mai 68) et leur déliquescence actuelle en rajoute dans la confusion. D’où une situation paradoxale : une situation sociale explosive sans expression politique.

 

La seule trace – je dis bien trace – d’expression politique a été, et est implicitement, l’appel à une mobilisation générale baptisée : marée populaire. L’appel plusieurs fois lancé à fait long feu…. Rien, ou pas grand-chose au regard de ce qui était annoncé.

 

Issue d’un groupe politique qui est loin de faire l’unanimité des mécontents, avec à sa tête un leader encore moins reconnu,… l’incantation – c’est bien le terme – de la marée populaire à fait un flop.

 

L’erreur consiste peut-être – je suis prudent – à croire qu’en présence d’un situation sociale dégradée, un appel à mobilisation est suffisant.

 

L’erreur consiste à croire qu’il peut y avoir adhésion massive sur un mot d’ordre vague (Tous dans la rue !), n’ouvrant sur aucune perspective politique crédible.

 

L’erreur consiste peut-être  à croire – ou faire comme – que la situation économique et sociale n’a pas changé alors que les « gros bataillons » de salariés d’il y a un demi siècle, n’existent plus (automobiles, mineurs, sidérurgistes,…).

Autrement dit, les vieux modèles de mobilisations d’antan seraient peut-être obsolètes.

 

UNE FAILLITE DE LA PENSÉE STRATÉGIQUE

 

Le véritable changement passera-t-il par une conquête politique dans un système institutionnel fait pour que… rien ne change ? Au regard des multiples échecs de ce modèle on ne peut pas ne pas se poser la question.

 

Le vieux modèle de la transition, issu du 19e siècle consistant à croire que la « mobilisation ouvrière » jettera bas le capitalisme,… n’a jamais fonctionné ;… pas plus d’ailleurs que sa forme dégénérée, et portée par les partis, de la conquête d’une majorité parlementaire pour procéder au changement.

 

Or c’est cette deuxième option dans laquelle s’inscrit de fait la « marée populaire » !… Pas de quoi exciter les foules,… la preuve !

 

Si le Capital casse les solidarités sociales, ce qui est dans sa nature et dans ses intérêts,… il se satisfait parfaitement des manifestations et des magouilles politiciennes des uns et des autres (des noms ?… des exemples ?)

 

Ce qu’il n’apprécie pas, par contre, ce sont les solidarités alternatives qui se développent, et qu’il essaye soit de détruire (ZAD), soit de récupérer (circuits courts, agriculture bio, économie circulaire, relocalisation des activités,…).

 

Et si la définition d’une stratégie de changement se situait dans ces pratiques et leur généralisation ?

 

De cela les partis n’en parlent pas, ou marginalement, ou pour les dénigrer, ou pour les récupérer. Placer du personnel politique à la tête de l’État est beaucoup plus important, et rentable, pour eux.

 

REPENSER LA STRATÉGIE

 

Ce n’est pas en traînant nos banderoles dans les rues et en répétant mille fois les mêmes slogans, que nous changerons le système… De ces manifestations, le Pouvoir n’en a rien à foutre  et nous y perdons notre temps et notre énergie.

 

C’est en pratiquant, soutenant efficacement les nouvelles solidarités, les pratiques alternatives, que l’on fera bouger les pions sur l’échiquier politique..  Travail ingrat, mais nécessaire.

 

«  Il n’est pas de Sauveur Suprême, ni Dieu, ni César, ni Tribun,

     Producteurs, sauvons nous nous-mêmes  »

 

 

Mai/juin 2018                                                       Patrick MIGNARD

 

 

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