Brigades internationales : ras-le-bol de la légende dorée

29 octobre 2016 par AL Toulouse

Chouette, un documentaire sur la guerre d’Espagne ! Ah non, zut c’est encore de la marchandise frelatée… 80 ans après, il serait temps de faire connaître largement le rôle sordide que Moscou a fait jouer aux brigadistes enrôlés dans l’Espagne républicaine de 1936 à 1938.

Le 25 octobre, Arte a diffusé un documentaire de Patrick Rotman sur les Brigades internationales, qui restera accessible sur Arte.tv jusqu’au 1er novembre.

Certes les images d’archives exhumées sont remarquables et rarissimes. C’est bien le seul point positif à trouver. Parce qu’enfin, comment est-il possible, avec tous les travaux de recherche effectués depuis des années, de produire un documentaire de près de deux heures, qui accumule autant les clichés et les approximations ?

Il n’est pas question de remettre en cause la sincérité des combattantes et des combattants des Brigades Internationales. Beaucoup ont été des révolutionnaires convaincus. Mais le mythe romantique des Brigades ne doit pas occulter leur part d’ombre stalinienne, les André Marty (« le boucher d’Albacete »), les Guenrikh Iagoda (directeur du NKVD).

Or c’est précisément ce que fait le documentaire de Patrick Rotman.
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Instruction de brigadistes à Albacete

Réflexions narquoises et paternalistes

Pour commencer, le ton du narrateur, le texte lu, donne l’impression (est-ce voulu ?) que seuls les communistes ont fait quelque chose d’utile en Espagne entre 1936 et 1939, que seuls les communistes se sont battus avec courage, que seuls les communistes ont cherché à gagner la guerre.

Entre réflexions narquoises et paternalistes sur les anarchistes « pleins d’utopie », la CNT « inorganisée », le POUM « divisé », l’impression générale qui se dégage est que la révolution et la guerre sociale en Espagne n’ont été qu’un bon moment de rigolade pour les anarchistes, trotskistes et anti-autoritaires et que seuls les communistes ont pris la mesure de ce qui était en train d’arriver.

Ça c’était sur l’ambiance générale du film. En ce qui concerne le contenu, et notamment sur les Brigades internationales, on frôle rapidement le ridicule.

Si l’on se fie au scénario, les premières et premiers volontaires étrangers arrivent avec les Brigades en septembre 1936. C’est oublier les centaines de combattantes et de combattants étrangers qui se battent dès juillet et août 1936 non pas dans un corps séparé créé par le Komintern, mais au sein même du POUM, de l’UGT ou de la CNT, notamment dans le Groupe international de la colonne Durruti.

Dans la suite du documentaire, les exactions des commissaires politiques, les mises au cachot, les exécutions sommaires commises par les staliniens, sont rapidement abordés, sorte de « tragique nécessité » de l’époque. Tout cela sans lever le voile sur l’instrumentalisation des Brigades internationale dans le processus de normalisation des milices populaires, de contre-révolution, de stalinisation de l’Espagne antifasciste.

Valentin Frémonti (AL Toulouse)

Pour aller plus loin :

Sygmunt Stein, Ma guerre d’Espagne. Brigades internationales : la fin d’un mythe, Seuil, 2012, 272 pages, 19 euros.
Antoine Gimenez et les giménologues, Les Fils de la nuit. Souvenirs de la guerre d’Espagne, Libertalia, 2016, 1000 pages, 22 euros.

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