Histoire de travail et de consommation. “Vous ne pouvez pas, nous, nous le pouvons ! “.

par CNT-SO 66 ⋅ lundi 17 août 2015–>
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Telle a été la réponse lapidaire des travailleurs aux patrons de leur usine après mai 2011, des salariés abandonnés à leur sort, sans salaire et sans travail. L’usine de la banlieue de Thessalonique, appartenant au groupe d’affaires Philkeram Johnson, produisait du ciment-colle. Après la prétendue faillite frauduleuse -le propriétaire, puis son avocat, ont été arrêtés en 2012-, l’usine allait fermer. Mais personne ne tenait compte des travailleurs, qui ont rapidement occupé l’usine. On a tout de suite su que les salaires impayés, les machines et les produits en stock appartenaient
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aux employés, mais tout a été incertain pendant plus d’un an. Le 12 Février 2013, 22 travailleurs, sur les 70 qui travaillaient dans l’usine avant la fermeture, ont repris la production. Durant les deux années d’attente et d’incertitude, ils avaient le temps de réfléchir sur leur situation, la vie, la société et l’avenir. “Pendant trop longtemps, nous avons été contraints de travailler avec des substances toxiques, alors maintenant, nous produisons des choses naturelles dont les gens ont un besoin réel », dit l’un des ouvriers de Vio.me. Aujourd’hui, ils produisent des savons et des détergents ménagers selon des méthodes artisanales traditionnelles. Certaines machines ont un air d’improvisation, mais elles sont assez efficaces. Les produits sont vendus, échangés ou donnés, selon les circonstances : à chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. Avec ce qu’on touche, on achète de nouveaux équipements et les salaires sont payés. Chacun reçoit 15 euros par jour et le reste va à la “solidarité”, comme ils disent, c’est-à-dire pour la lutte collective au-delà de toute frontière pour une société fondée sur la solidarité. Les savons naturels, faits avec soin, peuvent être commandés (boîtes de 104 unités), même de l’étranger au prix de 2,50 euros l’unité, frais de port inclus, par e-mail viomesy-nergagiki@yahoo.gr (de préférence en 2 anglais).

3-29.jpgAfin de fournir un cadre juridique pour la vente de produits Vio.me, une coopérative a été créée, même des tiers peuvent y adhérer en tant que “soutiens solidaires » (sans droit de vote). La cotisation mensuelle est de 3 euros, la moitié pour les chômeurs, et on peut également payer par échange de produits. L’idée est que Vio.me appartient à l’ensemble de la société, dont le sort sera également décisif pour Vio.me, qui prend part à une révolution sociale qui a commencé à prendre en charge son propre destin. Très probablement, l’élément le plus subversif de Vio.me c’est le fait que ces 22 travailleurs ont cassé la logique du marché et de la concurrence qui domine nos vies. La liberté pour la majorité des gens dans une société basée sur l’économie de libre marché, consiste à choisir librement –à condition d’avoir de l’argent- parmi une multitude de produits de consommation. Et cette liberté, les gens la paient de leur vie, en se soumettant à l’esclavage du salariat et en passant une bonne partie de leur temps libre dans les transports et à faire des achats. En d’autres termes, une vie frénétique comme une roue tournant de plus en plus vite,
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et attention à celui qui ne peut pas suivre, il tombe de la roue et se retrouve par terre, en chômage, dépendant de l’aide publique, les nerfs malades, sans toit, réduit à son propre destin individuel. Vio.me est devenu un symbole de la lutte contre l’austérité, cela est la raison pour laquelle cette usine autogérée reçoit tellement de soutien et de solidarité en Grèce, à travers l’Europe et au-delà des océans

Publié dans le périodique de Madrid, Tierra libertad
N° 324 (juillet 2015).

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