Rodrigo Rato, l’ex-patron du FMI, accusé de fraude fiscale et d’évasion de capitaux

Espagne: A-t-il triché avec les impôts? Organisé l’évasion de capitaux? La chute de l’ancien Monsieur Miracle provoque la stupeur.
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L’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) Rodrigo Rato Figaredo est au cœur de plusieurs enquêtes de fraudes toujours en cours.
Image: ANDREA COMAS/Reuters
De Cécile Thibaud 17.04.2015

Il était le symbole du miracle espagnol au début des années 2000. Il est aujourd’hui l’un des emblèmes de la corruption du pouvoir. L’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) Rodrigo Rato Figaredo, qui avait aussi été ministre espagnol de l’Economie et des Finances durant huit ans, est au cœur de plusieurs enquêtes de fraudes toujours en cours. Son arrestation jeudi soir, durant quelques heures, lors des perquisitions à son domicile et dans ses bureaux, a stupéfié l’opinion publique espagnole. Il est soupçonné d’avoir organisé un entrelacs compliqué de sociétés écrans dans plusieurs paradis fiscaux afin de dissimuler une fortune dont l’origine serait douteuse.

C’est un choc pour l’opinion publique espagnole, pourtant habituée ces dernières années à voir exploser des scandales qui n’ont épargné ni les partis politiques, ni les syndicats, ni les sportifs, ni l’Eglise, ni même la famille royale… Rodrigo Rato a en effet été au cœur du pouvoir politique et financier durant des années, incarnant l’efficacité économique du gouvernement conservateur de José Maria Aznar, entre 1996 et 2004, avant de prendre la tête du FMI de 2004 à 2007 (avant de passer le témoin à un certain Dominique Strauss-Kahn). Les Espagnols s’interrogent: qui allait supposer que le propre ministre des Finances occultait ses comptes au fisc?

D’autres casseroles

L’étendue de la fraude supposée n’a pas été divulguée pour l’instant. On sait simplement que l’enquête a débuté après que le fisc a détecté que Rodrigo Rato avait eu recours au processus d’amnistie fiscale ouvert par le gouvernement en 2012 pour régulariser des fonds opaques. Mais cette affaire n’est pas le seul scandale dans lequel est immergé l’ancien directeur du FMI.

Il se trouve aussi au cœur d’une enquête en cours sur sa gestion à la tête de Bankia, la banque dont la quasi-faillite en 2012 avait menacé d’entraîner avec elle une bonne partie du secteur financier espagnol, obligeant le gouvernement à demander un sauvetage à Bruxelles à hauteur de plus de 41 milliards d’euros. Une association de petits actionnaires de Bankia ruinés l’accuse aujourd’hui d’avoir occulté la réalité des comptes de la banque et d’avoir joué avec les fonds des petits épargnants qui avaient été incités par leur banquier à acheter des actions au moment de l’introduction en Bourse de l’entité, qui avait eu lieu en juillet 2011.

Autant d’affaires qui prennent à contre-pied le Parti populaire de Mariano Rajoy à près d’un mois des élections municipales et régionales partielles du 24 mai. Nul n’attendait le déboulonnage aussi rapide de celui qui avait été l’un des hommes clés du parti, même s’il s’était mis en discret retrait de la politique ces dernières années.

Complicités en haut lieu?

«Il est impossible d’agir de cette façon sans le silence et la complicité des autres», affirme Alberto Garzon, l’un des leaders du parti de gauche Izquierda Unida, qui demande des explications au gouvernement. L’entourage de Mariano Rajoy a adopté pour l’instant un silence embarrassé. Pour le ministre de la Justice, Rafael Catala, les ennuis de Rodrigo Rato «sont la preuve que le système fonctionne et que la loi est la même pour tous». (TDG)
(Créé: 17.04.2015, 21h29)

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