Grèves, blocages : la mobilisation rebondit ce 23 mars

23 mars grève blocage

La rédaction

Emmanuel Macron pensait éteindre la mobilisation avec son monologue télévisuel, il l’a ravivée. En cette neuvième journée de grève interprofessionnelle, les blocages ne cessent de se multiplier partout en France et les taux de grévistes remontent. Une journée du 23 mars qui redonne de l’élan aux opposants à la réforme des retraites.

« Bloquer l’économie. » Sur la zone industrielle d’Amiens nord, les 300 à 400 grévistes levés à 2h ou 3h du matin pour bloquer différents rond-points, n’ont plus que ces mots à la bouche. « On a compris que les manifestations dans la rue ne feraient pas plier Macron », indique Loïc Delecoeuillerie, secrétaire général FO cheminots Hauts-de-France. Depuis l’annonce du 49-3, et a fortiori le monologue d’Emmanuel Macron au 13h de TF1, les mouvements de blocages se sont intensifiés en France. Parfois ces derniers durent quelques heures, souvent plusieurs jours, voire des semaines lorsqu’ils sont accompagnés de grèves massives, comme dans le secteur des déchets.

Ce 23 mars au matin, les actions de blocages qui ont lieu en France sont bien trop nombreuses pour qu’on puisse les compter. Blocage du site de stockage des déchets à Romainville, du dépôt des éboueurs d’Aubervilliers, blocage de sites Amazon à Blocage à Boves et à Montélimar, barrage filtrant au dépôt de bus RATP de Pantin, occupations de voies chemin de fer à Marseille, Saint-Malo, ou encore à Paris… Et lorsque ce ne sont pas les entreprises qui sont bloquées, ce sont les routes et les autoroutes. A Amiens, le blocage doit durer au moins 48h, « après on verra », suggère un autre syndicaliste FO. S’ils sont difficiles à mesurer, nul doute que les blocages ont des effets. A Marseille, la Chambre d’industrie et de commerce tire déjà la sonnette d’alarme : « l’activité économique ne fonctionne plus ».

Rebond de la grève dans les secteurs les plus mobilisés

Pour effectuer ces blocages, il faut bien qu’il y ait des grévistes. Justement, dans les secteurs en grève reconductible, leur nombre remonte, ce 23 mars. Les salariés d’EDF, en grève reconductible depuis le 3 mars, sont 25,3% à être en grève, selon les chiffres donnés par la direction à la mi-journée. Les chiffres de fin de journée pourraient avoisiner un tiers. Une mobilisation en hausse par rapport au 15 mars, journée lors de laquelle la direction avait comptabilisé 22,45% de grévistes à mi-journée.

Du côté des cheminots, toujours en grève reconductible, on assiste également à un regain de la grève. Le taux provisoire de grévistes atteignait 25% jeudi midi à la SNCF. Chez les conducteurs, ce chiffre monte même à 56%. Un chiffre bien supérieur aux 15% de grévistes comptabilisés le 15 mars, lors de la précédente journée interprofessionnelle de mobilisation, mais toutefois inférieur aux 39% comptabilisés le 7 mars.

Mobilisation massive dans l’éducation

Après avoir surveillé les épreuves du baccalauréat la mort dans l’âme, les enseignants sont au rendez-vous – dans la rue – ce 23 mars. Selon le Snuipp-FSU et le SNES-FSU, syndicats majoritaires, le taux de grève des enseignants est de 50% à la fois dans le premier et dans le second degré. Selon le ministère de l’Éducation Nationale, 21,41 % des enseignants sont en grève. Toutefois, les syndicats accusent régulièrement le ministère de sous-évaluer le nombre de grévistes, puisque les taux sont comptabilisés en début de matinée…alors que tous les enseignants n’ont pas forcément cours.

En outre, selon les chiffres du ministère de la Fonction publique, il y avait à la mi-journée 15,5% de grévistes dans la fonction publique d’État, 6,5% dans la fonction publique territoriale et 8,1% de mobilisation dans la fonction publique hospitalière.

Mais ce qui est particulièrement notable, c’est l’accroissement de la mobilisation des étudiants et lycéens. Selon le syndicat l’Alternative, plus de 80 établissements universitaires sont occupés ou bloqués, notamment à Paris, Lyon, Lille, Grenoble, Strasbourg, Rennes, Clermont-Ferrand ou Saint-Étienne. Il s’agit du plus haut niveau depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites. Alors que le campus de Tolbiac, véritable symbole des mouvements étudiants, était bloqué lundi après un vote en AG ayant réuni 1 000 personnes, il a cette fois été fermé préventivement par la présidence pour empêcher la mobilisation. Qu’à cela ne tienne, d’autres universités ont pris le relais. C’est par exemple le cas de celle de Paris Assas, réputée conservatrice, qui a vécu, ce matin, son premier blocage depuis 50 ans, grâce à une centaine d’étudiants. Chez les lycéens, la mobilisation se poursuit également. Selon la FIDL, 400 lycées sont bloqués, soit 150 de plus que le 7 mars, où la mobilisation avait été importante.

La grève des éboueurs n’est pas terminée

La grève des éboueurs continue dans plusieurs villes. À Paris, les salariés chargés de la collecte des déchets en régie publique et ceux des incinérateurs ont déjà reconduit leur grève jusqu’au 27 mars. Aux alentours de la capitale, le site de stockage de déchets de Romainville a été bloqué dans la matinée avant une intervention de la police. Le dépôt de camions à Aubervilliers a également été bloqué. Les réquisitions n’ont que peu d’efficacité et les poubelles qui jonchent les sols pourraient mettre plusieurs semaines a être toutes ramassées.

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À Marseille, FO Territoriaux a appelé à une grève du ramassage des ordures mardi soir. Dans les garages et les centres de transfert des déchets, des grèves et des occupations ont eu lieu depuis lundi. Sont concernés les garages de la Cabucelle, de Rabatau et les centres de transfert des déchets Nord et Sud de Marseille. Selon La Marseillaise, des syndiqués CGT auraient décidé de ne pas se mettre en grève officiellement tout en ne ramassant pas les déchets. Le but : ne pas être comptabilisé comme gréviste et ainsi échapper aux réquisitions. Les éboueurs sont aussi en grève à Orléans, Le Havre, Saint-Brieuc ou Saint-Omer.

Les raffineries tiennent, les ports bloquent

Après les réquisitions à la raffinerie de Fos-sur-Mer mardi 21 mars, c’est celle de Normandie, près du Havre, qui a fait l’objet d’une volonté de réquisition de la part des pouvoirs publics. Mais face à la mobilisation massive et immédiate des raffineurs et de leurs alliés sur le piquet de grève, la préfecture a préféré faire marche arrière. Alors que les principales raffineries françaises (Normandie et Donges) sont à l’arrêt, la pression se fait sentir sur les stations-essences. La Loire-Atlantique est le département le plus touché par les pénuries de carburant. Les Bouches-du-Rhône, arrivent derrière avec 39,6% stations à sec et 52,7% manquant encore d’au moins un type de carburant. Vingt-quatre heures plus tôt, avant les réquisitions, c’était près de 54% et 41% .

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Du côté des dockers, cette journée nationale s’inscrivait dans l’opération « ports morts » initiée par la CGT Port et Dock depuis le 21 mars, et devant durer trois jours. Plusieurs ports sont bloqués, à Boulogne-sur-Mer, Caen ou Calais. À Marseille, seize pétroliers sont toujours en attente de déchargement depuis le 14 mars, indique Le Marin. À Dunkerque, plus de 600 dockers se sont mis en grève. Cela n’était pas arrivé depuis 1992. Au Havre, 500 dockers ont rejoint le cortège de la manifestation.

Victor Fernandez, Guillaume Bernard

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