7 mars : la liste des secteurs prêts pour une grève reconductible

grève reconcuctible 7 mars

Guillaume Bernard

Bien malin celui qui pourra prévoir la tournure que va prendre la grève contre la réforme des retraites. Néanmoins, certaines fédérations syndicales ont déjà publié des appels à la grève reconductible à partir du 7 mars. En fonction du poids qu’elles ont dans leur secteur, il est possible d’anticiper l’effet qu’auront leurs appels, au moins à court terme. On vous les liste.

Secteur de l’énergie, cheminots, ports et docks, chimie, verre et céramique. Ces cinq fédérations syndicales de la CGT ont lancé un appel à la grève reconductible le 7 mars de manière coordonnée, bientôt suivi par les fédérations de la construction et du commerce. Mais elles ne sont pas les seules. Dans d’autres secteurs, d’autres syndicats ont également lancé ce type d’appel.

« Semaine noire » dans l’énergie

La fédération CGT de l’énergie (FNME-CGT) a appelé ses salariés à la grève reconductible à partir du 7 mars, annonçant une « semaine noire » dans l’énergie. En réalité, cette dernière a commencé dès ce vendredi 3 mars, avec de premiers débrayages dans les centrales nucléaires. Samedi à 16h, la fédération annonçait des baisses de production dans pas moins de 8 centrales nucléaires sur 19.

Le secteur de l’énergie est fortement mobilisé depuis le début de la bataille contre la réforme des retraites. Les 140 000 salariés, qui appartiennent à la convention collective des industries électriques et gazières (IEG), où la fédération CGT de l’énergie (FNME-CGT) est très forte, se sont mis en grève à plus de 50% lors des dernières journées de grève. On peut donc s’attendre à ce que la grève soit fortement suivie dans ce secteur, même si les autres fédérations syndicales n’ont pas appelé à la grève reconductible.

Autre spécificité du secteur : la possibilité de se mettre en grève quelques heures par jour seulement pour désorganiser la production en perdant un minimum de salaire. « Huit heures par jour, c’est compliqué. La grève reconductible s’organise selon les milieux avec des modalités qui permettent que ça coûte le moins cher possible », expliquait Sébastien Menesplier, secrétaire fédéral FNME-CGT. Des actions seront également au programme : « reprise en main de l’outil de production », coupures ciblées, occupations de sites, blocages, opération « Robin des Bois »…

L’intersyndicale cheminote dans la bataille

A la différence de l’énergie, c’est une intersyndicale qui a annoncé le départ en grève reconductible chez les cheminots à partir du 7 mars. Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF sont, dans l’ordre, la CGT, l’UNSA, SUD et la CFDT.

Dans ce secteur, la grève était de très haut niveau le 19 janvier, premier jour de mobilisation. 46,3 % des cheminots étaient en grève selon les syndicats, dont 77,4 % chez les conducteurs de trains de voyageurs et autour de 50 % chez les contrôleurs, déjà mobilisés en décembre. Pour la deuxième journée (31 janvier), le taux de gréviste était légèrement plus bas mais toujours conséquent : 36,5%, selon les syndicats.

Ainsi ce 7 mars, la SNCF a annoncé un TGV et Ouigo sur cinq, pareil pour les TER. Le trafic des trains Intercités sera quasi intégralement interrompu. Le ministre des transports Clément Beaune prédit déjà « une des journées les plus difficiles qu’on ait connues » dans les transports.

Une intersyndicale pour reconduire la grève à la RATP

Les salariés de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), autre secteur fortement syndiqué, bénéficient également d’un appel intersyndical à la grève reconductible à partir du 7 mars. « Si le gouvernement n’entend toujours pas la détermination des travailleurs, de la jeunesse et de tous ceux qui soutiennent ce mouvement unitaire pour exprimer leur colère face à cette nouvelle injustice, il devra assumer le blocage de l’économie dans notre pays », a prévenu l’intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) dans un communiqué publié le 11 février. La RATP a annoncé ce dimanche 5 mars que le trafic serait très perturbé.

Raffineries et avitailleurs

Comme nous l’avons dit, la fédération CGT de la chimie (FNIC-CGT) appelle à la grève reconductible à partir du 7 mars. Mais dans ce secteur qui, contrairement aux trois précédemment cités, ne comporte pas d’anciennes entreprises à statut, c’est dans les raffineries que cet appel trouvera sans doute le plus grand écho. La CGT Total et la CGT ExxonMobil restent en effet en capacité de mettre à l’arrêt les raffineries françaises, notamment grâce à une syndicalisation forte chez les salariés de l’exécution. Cela a encore été prouvé en octobre dernier, suite à un conflit sur les salaires.

Autre membre de la FNIC-CGT, la CGT des avitailleurs – employés chargés d’alimenter les avions en carburant – a appelé mardi dernier les salariés du secteur à se mettre en grève reconductible dès lundi 6 mars. Cet appel concerne les travailleurs de diverses sociétés, comme GPA, Fas, Skytanking, Sasca, Sap ou encore TotalEnergies, qui alimentent de nombreux aéroports sur tout le territoire.

Les ports et docks feront au moins 48 heures de grève

Chez les dockers, c’est un peu compliqué. Bien qu’elle ait signé un appel à la grève reconductible aux côtés de 4 autres fédérations CGT dont nous avons parlé précédemment, la fédération CGT des ports et docks annonce pour l’heure 48 heures de grève les 7 et 8 mars. « Nous appelons à un arrêt de travail de 48 heures les 7 et 8 mars. Et le 8 mars, une action “ports morts”, c’est-à-dire un blocage de toutes les entrées du port pour qu’aucune activité ne puisse y avoir lieu au-delà même de notre secteur », expliquait Tony Hautbois, secrétaire fédéral de la CGT ports et docks. Selon ce dernier, la CGT encarte 80 % des portuaires, et 90 % des dockers. « Grâce à notre discipline d’organisation, nous pouvons mettre 90 % de l’activité portuaire à l’arrêt », déclarait-il.

Les routiers en grève plusieurs jours

Depuis ce 4 mars, les organisations syndicales des routiers ont annoncé leur entrée dans le mouvement. Discrètes jusque-là, les fédérations syndicales de routiers, dont la CFDT, majoritaire dans le secteur, ont toutes annoncé leur intention de muscler leur intervention. Le mouvement devrait s’échelonner au moins du dimanche 5 mars à 22h au 8 mars inclus, en fonction des appels séparés des syndicats. Des actions de blocages sont envisagées.

L’Education nationale au bord d’un appel à la reconductible

La colère gronde dans l’Education nationale, avec des taux de grévistes très forts lors des premières journées de mobilisation contre la réforme. Pourtant, les fédérations syndicales peinent à prononcer un appel à la grève reconductible. Ce 4 mars, l’intersyndicale de l’éducation s’est néanmoins fendue d’un communiqué très offensif puisque 7 syndicats (FSU, FO, UNSA, CGT, CFDT, SUD, SNALC) enseignants appellent à la fois à faire grève le 7 mars, mais aussi à « se mobiliser massivement » le 8 mars et à participer aux mobilisations de la jeunesse le 9 mars. Elle appelle également les enseignants « à décider en Assemblée générale des suites à donner à la mobilisation, y compris la reconduction de la grève ». Un cap jamais passé jusque-là en intersyndicale large.

Une intersyndicale large des Accompagnantes d’élèves en situation de handicap (AESH) appelle également à se mobiliser le 7 et le 8 mars pour les retraites et pour l’obtention d’un réel statut.

L’aviation fait peur

Pas de grève reconductible annoncée mais un communiqué qui fait peur. L’intersyndicale de l’aviation civile (FO-CGT-UNSA-CFDT) a appelé à une grève le 7 mars. Certains d’entre eux ont déposé des préavis de grève pour le 7 et le 8 mars. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une demande préventive de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) demandant à ce que les compagnies aériennes annulent une partie de leurs vols mardi et mercredi prochains. Environ 30 % d’entre eux à Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice et Toulouse. Et pour la première fois depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, 20 % des vols seront supprimés à Roissy Charles de Gaulle.

La santé : un appel aussi le 8 mars

Depuis 2022, le secteur de la santé, particulièrement féminisé, appelle à la grève pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cette année, l’intersyndicale de la santé appelle donc à faire grève ce 8 mars. Comme cet appel succède à celui du 7 mars, on peut supposer que les soignants, mais surtout les soignantes, seront fortement mobilisés ces 7 et 8 mars.

7 mars : le tri des déchets, c’est fini à Paris ?

C’est un appel notable par la diversité des fédérations qu’il agrège. Diverses fédérations locales de la CGT qui interviennent dans le tri des déchets appellent à la grève reconductible ce 7 mars. Les fédérations de l’énergie, du transport, ou encore des services publics, se sont coordonnées pour mettre le secteur à l’arrêt sur le temps long. Une initiative assez neuve qui devra être suivie de près.

Construction et commerce

Les fédérations CGT de la construction et du commerce appellent à la grève reconductible depuis ce lundi 6 mars. Constitué de nombreuses PME, d’intérimaires et d’un salariat souvent précaire, ces secteurs disposent de taux de syndicalisation particulièrement bas. Ces appels ne suffiront sans doute pas à les mettre à l’arrêt. Néanmoins, ils peuvent initier une dynamique de grève reconductible dans certaines entreprises privés.

Les grèves pour les salaires continuent

Autre dimension importante : les grèves pour exiger des augmentations de salaires, dans un contexte inflationniste, continuent dans de nombreuses entreprises. Il est possible que ces conflits, qui durent parfois des semaines, se superposent à ceux pour la bataille des retraites.

https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/7-mars-la-liste-des-secteurs-prets-pour-une-greve-reconductible-030617058

Crédit photo : Ricardo Parreira

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.