C’est reculer que d’être stationnaire…

Article mis en ligne le 3 août 2020
par F.G.


À mes amis,

Cela fait plus de trente ans que le virus « genre » est sorti des éprouvettes des laboratoires universitaires américains, venu, dit-on, d’Europe, par le biais de la « french theory ». Jusque-là, on appelait sexe social les comportements et les fonctions qu’une société assignait au sexe biologique. Cela signifiait tout simplement qu’il n’y avait rien de « naturel » aux attributions que les unes et les autres devaient assumer dans un milieu et à une époque donnée et qu’il ne s’agissait là que d’un rapport de forces en faveur de l’un des deux sexes au sein de la division sexuelle du travail.

Pour toute personne persistant à se projeter dans un autre futur collectif et égalitaire il était alors évident qu’il fallait combattre, et si possible abolir, ce sexe social et non en changer, quand bien même l’appellerait-on autrement.

Transformer le « sexe social » en « genre » a pourtant permis un génial coup double. Éradiquer à la fois le sexe et le social ne manquait pas de classe : se couler dans le moule d’un puritanisme renaissant regardant d’un sale œil la libération sexuelle des années 1970 et, en même temps, mettre au rencart tout ce qui pouvait suggérer la lutte des classes et un élan prolétarien ! La fin d’une époque en somme, où se rejoignent postmodernes et thermidoriens de l’après-68.

Mais au bout d’un moment le « post » peut devenir lui aussi archaïque car c’est reculer que d’être stationnaire comme le chantaient les anarchistes d’avant la grande boucherie, ces crétins qui croyaient aux grands récits pouvant mener vers l’émancipation globale du genre humain ! La division du monde en particules élémentaires ne peut s’étendre à l’infini dans un monde fini.

Il est grand temps de ne pas en rester là. On a le choix entre revenir en arrière et ré-épouser un passé honni et ringard ou bien aller de l’avant en élargissant le possible vers de nouveaux horizons et de nouveaux espaces (surtout universitaires) à reconquérir. Cette deuxième possibilité est plus rock’n’roll, et c’est celle que j’ai choisi.

Ce qui m’a mis la puce à l’oreille est ce regain d’intérêt pour les animaux auquel nous assistons. De simples compagnons ou d’éléments nutritionnels, ils sont devenus des autres nous-mêmes. Une découverte capitale qui n’a eu d’équivalent dans l’Histoire que celle, par les jésuites, de l’âme des Indiens et des Femmes.

Bref, c’est un monde nouveau qui s’offre et j’ai décidé de m’y aventurer. Quitter ce vieux monde postmoderne qui se limite à la trans-genralité pour entrer dans celui de la trans-espécité qui sera très prochainement le dernier cri de la post postmodernité.

Passant diverses soirées crépusculaires avec quelques chats autour d’un verre, j’ai décidé d’en devenir moi-même un. Si vous me croisez dites vous bien que je ne suis plus celui que vous croyez. Je suis Chat, c’est mon ressenti et ma volonté et c’est ce qui compte. Dorénavant appelez-moi Minou. Ou Minet, selon le genre qu’il vous plaît de m’affubler.

Miaou !

Jean-Pierre DUTEUIL
été 2020

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