Fin provisoire de l’occupation de l’école polytechnique, mais d’autres actions se préparent

par Yannis Youlountas · Publication 18/11/2016 · Mis à jour 18/11/2016

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C’est terminé au centre d’Athènes. Nous n’avons pas pu résister plus longtemps face à l’ampleur et à la violence des nombreux assauts policiers.

FIN PROVISOIRE DE L’OCCUPATION DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE, MAIS D’AUTRES ACTIONS SE PRÉPARENT

Parmi les arrestations qui nous inquiètent le plus, principalement durant la nuit, il semble qu’il y ait trois mineurs (dont une jeune fille de 17 ans), deux migrants albanais et roumains, et trois réfugiés syriens.

Dès notre départ (en plusieurs étapes), une dizaine de journalistes charognards se sont empressés d’entrer dans l’enceinte aux côtés d’une armada de flics et ont fouillé toutes les pièces pour publier immédiatement des photos de tout ce qu’ils avaient trouvé de cassé ou de brûlé.

Les derniers cocktails Molotov non utilisés ont même été mis en scène, rangés d’une certaine façon spécialement pour les photos, ainsi que des éclats de marbre qui ont manifestement été déplacés pour faire également plus d’effet. Certaines dégradations paraissent à l’évidence postérieures à notre présence, au vu de ce qui est diffusé, notamment par la presse people et réactionnaire pour choquer le quidam et brouiller le sens de notre protestation. Certains commentaires font de la surenchère en racontant n’importe quoi et en demandant de lourdes peines de prison pour nous tous. L’un d’entre eux, sans rire, parle même de peine de mort.

Pendant ce temps, des milliers de Grecs et de réfugiés meurent de mauvais traitements, de maladies non-soignées, de drames familiaux et de suicides, alors qu’une partie de la jeunesse est plongée dans le désespoir, que la mendicité s’étend parmi les retraités précarisés et la prostitution alimentaire parmi les mères de famille, sans oublier les nombreux cas d’enfants qui s’évanouissent encore de faim dans les cours d’écoles. La vraie violence est là et nulle part ailleurs.

Il faut savoir que des actions similaires se sont multipliées ailleurs depuis hier :
– à HÉRAKLION (Crète), principalement à l’université, avec des affrontements, mais aussi au Palais de Justice qui a, entre autres, été éclaboussé de peinture pour signifier son insupportable violence sociale à l’égard des plus pauvres et de la jeunesse révoltée ;
– à VOLOS (entre Thessalonique et Athènes), dans le centre-ville, avec des affrontements très violents (Molotov, grenades, pierres, etc.) et la destruction de beaucoup de banques (notamment sur l’avenue Dimitriados et dans la rue Iasonos) ;
– à IOANNINA (dans le nord-ouest), en plusieurs points de la ville et sur les routes alentours.
– à PATRAS (port dans l’ouest), dans le centre-ville et jusqu’à la place de la Résistance ;
– à THESSALONIQUE (nord), dans le centre-ville et, principalement, à l’université Aristote, où les insurgés ont commencé par chasser les représentants de Syriza qui voulaient déposer une gerbe, dans la journée, à la mémoire des résistants de 1973 contre la dictature des Colonels, avant d’échafauder des barricades puis multiplier les affrontements contre l’invasion du campus par la police, à coups de Molotov, mais aussi de feux d’artifice (beaucoup de dégâts du côté des équipements policiers, et même un bus en flamme qui a servi de barricade).
– en plusieurs points d’ATHÈNES, à commencer évidemment par EXARCHEIA (dans la totalité du quartier) sous un brouillard de gaz lacrymogène qui a provoqué l’hospitalisation de plusieurs habitants, avec au moins une vingtaine de barricades mineures ou majeures ;
– et dans beaucoup d’autres endroits répartis en GRÈCE, mais de façon plus modeste.

Aujourd’hui, rien n’est fini. D’autres actions se préparent… A suivre dans les jours et les semaines à venir. Comme partout dans la nature, rien ne meurt vraiment, tout se transforme.

A l’instar de nos camarades de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en France : « ils ont cru nous enterrer, mais ils ne savaient pas que nous étions des graines. »

Vienne la saison de l’eau pour faire germer et enraciner la désobéissance.

Y.Y.

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Du coup, je serai de retour en France, ce soir, à Annemasse (à côté de Genève) et demain à Oullins (banlieue de Lyon), pour en parler, si vous voulez en savoir plus (avec des projections de la nouvelle version de Je lutte donc je suis). Détails et dates suivantes en France, en Suisse, en Belgique, en Algérie et en Allemagne :
http://jeluttedoncjesuis.net/
Nous reprendrons également la collecte des fournitures demandées en Grèce (à Annemasse et Oullins), dont la liste précise est ici (à faire connaître svp) :

Des étudiant-e-s et des lycéen-ne-s passent à l’action

Merci encore de vos messages de soutien depuis mardi qui nous ont fait chaud au cœur (j’en ai recopié certains sur nos murs, hier soir et ce matin).

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