A PROPOS DU METISSAGE

Réalité et fantasmes

Les racistes ont du souci à se faire, pas seulement pour l’avenir, mais aussi pour le passé. Tout leur raisonnement est miné par une réalité qui le rend caduque : le métissage n’est pas un danger pour l’avenir, il est la règle de l’évolution de l’espèce humaine.

C’est peut être une manière d’ « enfoncer une porte ouverte » que d’aborder à nouveau ce sujet,… mais par les temps qui courent, il est bon de revenir, une fois encore, sur des évidences qui, par leur absence, nourrissent tous les fantasmes.

Coucherie préhistorique

Comme aurait dit Brassens,… nos ancêtres étaient de « sacrés polissons » au point que Madame Néandertal aurait fricoté sérieusement avec Homo Sapiens, et/ou l’inverse. Certes ce n’était pas hier,… il y a de cela environ 80 000 ans, et pas chez nous non plus,… au Proche Orient,… justement d’où partent les migrants.

Qui a vendu la mèche ? Une équipe de scientifiques dirigée par un biologiste suédois. Svante PAABO qui a séquencé l’ADN issue d’os fossiles de néandertaliens découverts dans la grotte de Vindija, en Croatie.

Un sacré métissage quand on sait que Néandertal a disparu il y a 30 000 ans et qu’Homo Sapiens c’est nous. Et ce métissage se lit aujourd’hui chez tous les humains actuels…

Ainsi, l’entrée en matière, si j’ose dire, de l’existence de notre espèce a commencé par un métissage.

Ce constat ruine toute pseudo-théorie d’une race unique, à fortiori pure. La conception religieuse de l’Homme, la « Genèse » (Adam et Eve étaient-ils Néandertal ou Homo Sapiens ?) et les « théories » fumeuses racistes, dont le plus beau fleuron est la conception nazie des races, ne peuvent se construire que sur la méconnaissance totale des origines de l’Humanité. La bêtise et l’ignorance ont toujours fait le lit des dictatures.

Consanguinité et métissage

Sans avoir une vision scientifique très claire des processus biologiques en œuvre, les risques inhérents à la consanguinité (anomalies congénitales, malformations,…) ont été rapidement identifiés par les groupes qui vivaient repliés sur eux-mêmes. Ces risques ont été en général instrumentalisés par la morale et la religion (productions typiquement humaines). L’ouverture sur le reste de l’humanité a toujours été une réponse, autrement dit le métissage. Pourtant les forces sociales dans le groupe, voulant préserver l’unité, l’intégrité, le pouvoir, l’héritage,… ont toujours agi dans le sens du repliement sur soi. Le métissage a été, et est encore perçu comme une « perte de substance et d’identité » du groupe, son affaiblissement au regard de l’extérieur. La peur de l’autre a été, et est, un puissant levier des forces conservatrices pour verrouiller toute ouverture sur l’extérieur.

La peur de l’autre, et donc du métissage, fait partie de l’arsenal de tous les conservatismes. Peur d’autant plus irrationnelle que le métissage est le moteur de l’évolution de l’humanité depuis son origine. Celui-là même qui condamne le métissage est inévitablement lui-même un métis… réalité qu’il ne peut ignorer et qu’il refoule dans une agressivité qui conduit au racisme et à la xénophobie.

En manipulant habilement la crainte, la peur de l’autre, notamment dans les situations de crise, le racisme et la xénophobie peuvent devenir des armes de conquête du pouvoir ; démarche abjecte qui instrumentalise l’Autre à des fins politiciennes.

Les résurgences de ces peurs sont aujourd’hui surdéterminées par la crainte de l’espèce humaine face aux défis créés par elle même : répartition équitable des richesses indispensable à la paix sociale, respect de l’environnement indispensable à sa survie.

La peur de l’autre n’est qu’un dérivatif utilisé par celles et ceux qui refusent toute remise en question sérieuse du système de relations sociales dans lequel nous vivons. C’est pourtant ensemble que nous trouverons les solutions.

Patrick MIGNARD

10 octobre 2015

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Voir également :
« SUR LA THEORIE DU “REMPLACEMENT »
« MIGRATIONS ET CHANGEMENT »
« LE SENS DES MOTS / LE CHOC DES FANTASMES »

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